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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 13:24

http://www.degrenne-distribution.fr/upload/images/10-20060612113601.gif

"L'arabe du coin", c'est comme ça que nous l'appelons. Il n'y a là dedans rien de raciste ou de stéréotypé... ou si peu. Je pense qu'il est Tunisien. Ou Marocain. Non... en fait il est sûrement Algérien, puisque de source sûre - des Algériens eux-mêmes qui ont tenu à rétablir la vérité* , l'arabe du coin est une expression qui désignait les Algériens de Paris.

En bas de chez nous, il y a un viveco où nous faisons nos courses quand on a la flemme de marcher 10 min de plus pour aller à Carrefour. Les prix sont faramineux, il ne faut pas vouloir y faire ses courses de la semaine, mais peu à peu, je me suis attachée à ce vieux bonhomme un peu bedonnant qui sourie avec les yeux. Au début, je ne l'appréciais pas trop, il était renfermé et à la limite de l'aimable, et il faut dire que les Viveco rayonnent pas de l'ambiance propre et joliment agencé d'une très grande surface. Et puis dans ce magasin, je suis toujours toute seule à faire mes courses. Il n'y a jamais personne qui parcourre les rayons avec moi, ça  fait bizarre. Mais cela fait 2 ans qu'on voie l'arabe du coin régulièrement, et maintenant nous entretenons une de ces relations particulières de client à vendeur où un bonjour appuyé d'un regard et d'un sourire signifient plus qu'une simple formalité. N'imaginez rien de graveleux, je veux juste dire qu'on se reconnaît. C'est tout.

Je vous parle de lui, parce qu'aujourd'hui nous avons échangé plus qu'un traditionnel "Vouspouvezprendreunpaniersivousvoulez - Nonnonçaira". Je m'acharne effectivement assez bêtement à prendre les produits dans mes bras, pour me forcer à pas trop acheter - non sans déconner, vous pouvez pas comprendre tant que vous avez pas vu les prix. Il m'a avoué une fois qu'il avait peur que je casse une bouteille. Moi? Faire tomber  des trucs fragiles? JAMAIS monsieur, c'est mon métier de ne rien faire tomber par terre !

Hier, je n'avais pas assez de monnaie pour payer ce que j'avais choisi, et j'avais oublié ma CB. Alors que nous nous efforcions de trouver quels produits enlever pour arriver à 14€, nous parvenons enfin à arriver à un total de 14,60€. Soit donc 60 cent de plus que ce que je pouvais payer.

OUAIS OUAIS cette histoire est passionnante. J'vous embête d'abord.

Alors, gracieusement, avec un petit regard pétillant, il me dit que je le rembourserai la prochaine fois que je viendrais. Mon coeur s'est envolé, ça y était ! Avec ces mots il venait de signer le pacte de la confiance! Il me faisait crédit, alors que dans tous les magasins depuis que je suis petite je vois marqué "nous ne faisons pas crédit". Il me donne mon ticket avec le 60cent entouré au bic rouge en me disant qu'il me connaissait maintenant et que ça ne posait vraiment pas problème.

Ce matin, en allant chercher mon pain de bonne heure, je suis repassée devant le Viveco. Il prenait l'air, et m'a dit bonjour de loin.

"Bonjour monsieur ! J'ai vos 60 centimes!

- Oh, ce n'était pas pressé vous savez.

- Oui non mais je n'aime pas trop devoir de l'argent comme ça. Et puis je vais acheter quelque chose aussi."

En rentrant, sa femme me sourie. Bizarrement, elle ressemble à une indienne je trouve. Enfin je sais pas si c'est bizarre, après tout un tunisien et une indienne peuvent se mettre ensemble en couple en France, j'vois pas pourquoi ça serait bizarre. Mais à chaque fois que je la voie - elle est moins souvent là, elle fait juste l'ouverture et la fermeture - je me dit "c'pas possible que lui soit indien." Cherchez pas, je me pose beaucoup de questions sur de nombreuses choses, et les nationalités en font partie. Je les vois bien avoir un fils unique de 28 ans , peut-être même que je  l'ai vu une fois l'année dernière.

Je retourne à la caisse avec les bras chargés de café, de compote et de semoule, soit la base de mon régime alimentaire. Ajoutez-y de la ratatouille, des flageolets, des haricots verts, des yaourts et du raisin sec pour les jours de fête. Ce que j'aime, dans ce Viveco, c'est le rangement, qui est particulier: c'est tout petit, il n'y a pas suffisament de rayonnages pour faire de jolis dégradés de types de produits comme à carrefour. Les raisins secs sont donc voisins immédiats de la langue de boeuf en boite, le thé chinois avec la confiture de fraise. Les packs de bières sont posés à même le sol en devanture, et les pâtes font face au PQ et au gel douche. Des rayonnages réfrigérés ont été éteints et laissés en l'état pour contenir les jus de fruits - il y a le choix là par contre - et comble d'effort de diversification, ils ont même un MINUSCULE coin papeterie sans papier en tête de gondole.

Bref j'arrive à la caisse, une sorte de plaque aluminium où on pose les produits; il encaisse, rajoute les 60 centimes sur la note. Il me répète que c'était pas pressé, lorsque je paye.

"C'est juste que comme ça c'est clair entre nous, il n'y a pas de dette!"

Il rigole, et me dit en souriant :

"Mademoiselle, je me doutais que vous n'alliez tout de même pas fuir la France en me laissant cette ENORME dette!"

Je ris aussi, c'est vrai que je suis bête. Mais je ne regrette pas d'avoir joué un peu à la gourde sur cette histoire; ça m'a fait plaisir que lui et moi ne soyons pas de simples anonymes distants, et d'avoir partagé ce moment là. C'est cher? Et bien tant pis, pour le même prix j'achèterai moins qu'à Carrefour, je passerai un bonjour à l'arabe du coin et ça me fera plaisir !

 

* texte modifié le 17.04.11 suite aux réclamations de Yano et benabi tayeb

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 12:47

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Les Droits de la Femme, 1791

- Olympe de Gouges -

" Homme, es-tu capable d'être juste? C'est une femme qui t'en fait la question; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi? Qui t'as donné le souverain empire d'opprimer mon sexe? ta force? tes talents? Observe le créateur dans sa sagesse; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique.

Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un oeil sur toutes les modifications de la matière organisée, et rends toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens; cherche, fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans l'administration de la nature. Partout, tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef d'oeuvre immortel.

L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursoufflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l'ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l'égalité, pour ne rien dire de plus."

 

Le lundi 8 mars, ce sera la journée de la femme.

Tous les ans, je me disais qu'une Journée de la Femme était aussi ridicule et inutile qu'une Journée du Sac Poubelle ou de l'Ours en Peluche. Bien qu'étant femme, je me disais "pourquoi pas une Journée de l'Homme alors?"; je critiquais violemment les arguments du parti adverse, criant à la discrimination que cette journée prétendait fustiger mais soutenait de par son existence même. Pour montrer mon opposition, en ce jour de la femme, je devenais homme. Concours de vulgarité, déclinaison polie de toute courtoisie, j'arborai le costume 3 pièces de mon frère et décidai de faire pipi debout sur le bord de l'autoroute. En me faisant la bise, les gens me disaient enfin ouvertement que je piquais, et une grosse bosse au niveau de mon entrejambe valait tous les poèmes du monde lorsque je croisais un représentant de la gent opposée. Comble de galanterie, je le hélai par un "Eh, m'sieur, z'êtes trop mignon, putain vous êtes trop bon".

 

En vérité, je me suis toujours contentée - piteusement - d'être contre l'existence d'une telle journée, et contre toute forme de discrimination de genre. Enfin... c'était ainsi jusqu'à ce matin. Non, vous avez bien vu la date, nous ne sommes pas le lundi 8 mars, mais qu'importe au fond? Ce n'est pas parce qu'une journée est commémorative qu'elle implique une reflexion du même acabit; j'ose espérer que l'espèce humaine est capable de réfléchir à un tel sujet quelque soit le jour de l'année.

Dans l'idée de faire un article virulent et drôle - c'est tellement plus simple et plus puissant de tourner en dérision les choses plutôt que d'y opposer des arguments - je me renseignai tout de même sur les droits de la femme, Olympe de Gouges et les Nations Unies. Et j'ai mieux compris, j'ai saisi ce qui m'échappait depuis des années.

J'ai lu la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, et dedans, j'y ai trouvé l'origine de la journée de la Femme.

Article 4
1
. L'adoption par les Etats parties de mesures temporaires spéciales visant à accélérer l'instauration d'une égalité de fait entre les hommes et les femmes n'est pas considérée comme un acte de discrimination tel qu'il est défini dans la présente Convention, mais ne doit en aucune façon avoir pour conséquence le maintien de normes inégales ou distinctes; ces mesures doivent être abrogées dès que les objectifs en matière d'égalité de chances et de traitement ont été atteints.

2. L'adoption par les Etats parties de mesures spéciales, y compris de mesures prévues dans la présente Convention, qui visent à protéger la maternité n'est pas considérée comme un acte discriminatoire.

Article 5
Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour :

a) modifier les schémas et modèles de comportement socio- culturel de l'homme et de la femme en vue de parvenir à l'élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l'idée de l'infériorité ou de la supériorité de l'un ou l'autre sexe ou d'un rôle stéréotypé des hommes et des femmes;

J'y ai trouvé un message tempéré, un message qui n'est pas féministe comme je le craignais.

Je déteste le féminisme, sans pour autant renier ce qu'il a apporté par le passé en terme d'acquis sociaux; le féminisme a été la base de la mise en place de l'égalité des sexes. Aujourd'hui, le féminisme n'a plus lieu d'être dans sa forme revendicatrice, nous n'avons plus besoin de nous couper les cheveux et les jupes, ou de mettre le feu aux urnes. Revendiquer sa place dans la société au même niveau que les hommes, c'est un travail quotidien qui doit être intime et personnel, respectueux des efforts que les hommes eux aussi doivent développer dans l'autre sens, notamment en ce qui concerne les droits aux congés parentaux. C'est se leurrer que d'imaginer que les hommes ont l'entière possession des avantages sociaux. En ce qui concerne les bénéfices de la maternité, vous le voyez ci-dessus, même les Nations Unies pensent que les avantages féminins ne doivent pas être considérés comme de la discrimination vis à vis des hommes. Pourtant... c'en est, bien souvent.

Je déteste le machisme aussi, notez, sauf qu'en prime je n'y vois aucun intérêt.

 

En en-tête, vous avez vu, je vous ai fait un joli petit montage de photos de femmes actuelles. Je reviens d'un séjour parisien, un séjour de shopping, d'échange de fringues, de jeux de relooking chez H&M avec Melmelboo. Pour moi, être femme revendicatrice aujourd'hui, c'est en partie être comme ces femmes là; des femmes qui se permettent une totale liberté de style, émancipées d'un carcan vestimentaire social bien mieux que les hommes encore trop confinés au costume 3 pièces, dont la seule touche d'originalité est le choix entre Cesare Attolini et Kiton. Les femmes d'aujourd'hui écrivent des blogs qui parlent de sexe, comme Navie, manient les mots et les pires artifices comme n'importe quel homme politique, postulent pour les travaux publics et ne savent plus faire la cuisine. C'est dommage, finalement, qu'une partie d'elles ressemblent de plus en plus aux hommes sans parvenir à se trouver une nouvelle place. La femme d'aujourd'hui, en cherchant son émancipation, devient un calque du genre masculin. Et les hommes, dans le mouvement de résistance que cela provoque chez eux - une sorte de réaction épidermique en fait ! - copient les femmes. Bienvenue à l'unisexe.

En en-tête, j'aurais pu mettre un montage différent, qui vous aurait rappelé que la femme d'aujourd'hui n'est pas libre comme celle que je vous présente. La femme d'aujourd'hui continue de subir des mutilations sexuelles, n'a pas le droit à l'éducation, n'a pas le droit au mariage consenti, et continue de se faire frapper par son mari. Vous croyez, comme je le fis, que la femme en France tout du moins, n'est plus ainsi.

Dans un article précédent, je plaisantai sur les pubis étonnants et les "trésors" qu'on découvrait dans les petite culottes au CHU. On y trouve aussi les clitoridectomies et les infibulations. En soulevant un tee-shirt, on trouve les bleus sur le ventre et la peur dans les yeux. En discutant, on découvre la simulation de contractions pour ne pas rentrer à la maison.

 

Pour conclure, je vais vous rallier, défenseurs et détracteurs de la Journée de la Femme, car au final vous visez tous le même but: le jour où on en aura plus besoin.

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 10:02

http://unattimo.unblog.fr/files/2007/09/partir.jpg

J'ai les pieds qui me démangent, le vent qui souffle dans mes oreilles. J'ai envie de partir. Pas de partir en vacances ou de se changer les idées le temps de quelques jours, une envie de partir définitivement et de fuir tout ce qui est ma vie ici. Rencontrer d'autres gens, dans d'autres lieux, qui penseraient différemment et moi-même je serais différente.

Quand je serais ailleurs, j'aurais mon appartement pour moi toute seule: un duplex avec chambre, salon et cuisine et il ferait approximativement 50m². Pourquoi s'embêter? j'aurais un salaire et rien à en faire... L'appartement sera sur parquet, et j'achèterai moi-même les meubles et ferai moi-même la déco, fini la récup' moche et disparate. Il y aura un balcon aussi, si possible une terrasse, et cet appartement sera au dessus du 5eme étage. J'aurai un chat, d'abord un petit chaton chahuteur, qui deviendrai ensuite un minet câlin avec des pattes blanches.

Quand je serai ailleurs, ça sera à Tours, à Grenoble, à Lyon que sais-je.  Au début je pensais que ça serait à tout prix  à Tours. Maintenant, du moment que c'est loin d'ici ça me va. Montagne, mer, forêts je prends. Pas les champs. J'aurais une voiture de toute façon, une petite  voiture pratique et silencieuse, rouge bordeaux, qui n'appartiendrait qu'à moi.

Quand je serai ailleurs, je ne sais pas si j'aurai internet. Je n'aurai plus facebook en tout cas, pourquoi faire? Et ma vie sera différente de celle que j'ai toujours eue, elle sera donc loin des écrans d'ordinateur. J'arrêterai d'écrire des blogs, et j'écrirai pour moi ou pour les petits enfants que je n'aurai sans doute jamais. Tant pis, ça sera pour les neveux et nièces.

Je me mettrai à 100% à l'hôpital. Pas pour gagner des sous, j'en aurais sans doute trop pour ce que ma petite vie réclamera, mais pour m'occuper. Je m'appliquerai à devenir la meilleure sage-femme, celle que tout le monde aura été content d'avoir. A côté, je ferai de la chorale, du théâtre et de la randonnée. J'irai au cinéma toutes les semaines.

Pour certaines occasions, je rentrerai voir mes parents et mes anciens amis qui auront eux-même fait leur vie de leur côté. Ce sera un moment agréable où je n'aurais pas à me tracasser.

Pendant mes 5 semaines de vacances par an, je partirai. Pas à Noel, bien entendu, car ça sera une des occasions pour lesquelles je rentrerai chez mes parents, mais le reste de l'année je confierai mon chat à ma vieille voisine charmante à qui je préparerai des gateaux, et je partirai faire de la randonnée, en France ou dans le monde, loin des gens que je connais et avec toujours de nouvelles têtes et de nouveaux caractères.

Ma vie sera parfaite.


 

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 00:38

http://media3.washingtonpost.com/wp-srv/photo/gallery/090824/GAL-09Aug24-2518/media/PHO-09Aug24-175950.jpg

Il est, dans ce lointain pays qu'on nomme l'Indré, un petit village appelé Evelin. De toute part l'environnent falaises plongeantes, chutes d'eau et lacs immenses, c'est la contrée des mythes perdus. Dans les forêts de pins se cachent satyres et autres créatures d'époques révolues, les menhirs partent une fois la nuit venue s'abreuver au ruisseau délaissant dans leur sillage cent trésors, et les Dieux aiment à se pencher sur ces terres où le rêve fait loi. Le soir, ils chantent en choeur l'hommage des temps anciens où coulait des fleurs le miel et le lait, et rien ne peut être plus beau pour qui sait tendre l'oreille que les douces harmonies de ces milles Dieux unis.

Rien ne venait jamais troubler la paix d'Evelin, village béni et protégé des Déesses de la Concorde et de tant d'autres. Pourtant, par un matin de tempête une enfant naquit, et personne n'avait vu d'enfant si belle : ses boucles blond clair illuminaient la pièce mieux que ne le faisaient les bougies, et ses yeux ressemblaient à deux gouttes d'eau dans lequel le regard se perdait, noyé dans des miriades de reflets. Lorsqu'elle souriait, le coeur de ses parents et de leurs amis battait jusqu'à leur couper le souffle. Il n'y avait aucun doute, un Dieu avait caressé de sa bénédiction le nouveau-né.

Pourtant, la joie première passa bien vite. L'enfant nommée Soshué fit de l'ombre aux Déesses même en grandissant tant elle brillait par sa beauté, et à l'âge de quatre années révolues, l'une d'elles plus jalouse que les autres fondit d'une colère terrible devant l'enfant qui riait de ses jeux. Penchée sur l'épaule de la petite terrorisée par l'obscurité soudaine dans lequel le sort l'avait à jamais plongée, elle lui murmura : "Ta beauté je ne puis t'enlever, elle est le fruit d'un de mes frères. Mais lorsque tu te regarderas dans le miroir, tu n'y verras qu'ombres et suie. Le miel des paroles de tes proches aura goût de poussière. L'équilibre est enfin rétabli, bénie tu fûs injustement, te voilà maudite."

Ainsi grandit Soshué. Ses traits semblaient d'année en année plus fins que l'an passé, et on se disait qu'elle ne pourrait être plus belle. Pourtant, de belle elle devint magnifique, gagnant en majesté et en grâce ce qu'elle perdait en rondeurs de l'enfance. Ses amis, ses proches ne cessaient de lui faire part de leur admiration et de leur amour, jamais lassés de la regarder se mouvoir dans les rayons du soleil mais Soshué ne faisait que sourire avec ironie et amertume de ce qu'elle considérait dérisoire. "Ma beauté vous sied? Grand bien vous fasse, profitez de vos yeux ce que je ne peux admirer moi-même. J'échangerai mon visage et bien plus encore contre un rayon de lumière dans la nuit qu'est ma vie." Et ainsi passèrent les années; Soshué devint aussi aigre que le vin rançi, attaquant ses amis comme l'acide ronge le plus solide des métaux, trouvant dans la tristesse des autres un malsain réconfort. Avec la naissance de ses formes de femme vint le désir des hommes, mais tous désespérèrent devant tant de cruauté et de violence. Ses mots n'étaient que glace et cristaux coupants, et pas un ne réussit à poser ses mains sur la peau blanche et fine du corps de Soshué.

Chaque jour laissait place à un nouveau drame et bientôt les hommes comme les femmes d'Evelin la haïrent et l'évincèrent, et dans cet exil Soshué n'y vit que l'aboutissement de la malédiction de la Déesse. Par un glacial matin d'hiver, alors que la brume s'étalait sur le lac gelé et que le ciel entre les montagnes blanches n'était que grisaille, la belle tendit son poing vers les cieux et cria son désespoir "Ô Dieu qui se pencha sur moi lorsque je naquis , qui que tu sois, ma colère est pour toi! Cette gratuite beauté dont tu me pourvut fût ma malédiction, que n'aurai-je donné pour que tu te penches sur un autre berceau? " Alors, avec un terrible tremblement qui fit rouler le tonnerre du ciel, le Dieu lui répondit. " Ce cadeau que je te fis n'était que le fruit brûlant de l'amour qu'une enfant tant attendue avait fait naître dans le coeur de ses parents. Ta froide ingratitude ne mérite que ma colère! Froide et coupante tu es, glace tu seras."

Sous ces mots, Soshué tomba à genoux et pleura sept larmes qui roulèrent sur ses joues d'albâtre avant de se briser en mille éclats gelés sur la pierre, puis elle entendit son nom hélé derrière elle. Elle se retourna, et Ménélon, l'homme d'Evelin qu'on disait aussi laid qu'un crapaud lui parla d'une voix chaude et solide pour la toute première fois "Ô Soshué, amour de ma vie, pourquoi pleures-tu? Ton éternelle peine fait saigner mon coeur d'une exangue douleur. Tes larmes gelées m'achèvent." Et alors que le froid envahissait Soshué, les paroles de Menelon réchauffèrent son coeur, et elle sentit sur son bras la douce chaleur de sa paume.

"Toi, Menelon, tu dis m'aimer? Cela ne se peut, ici personne ne peut m'aimer alors que moi même je ne m'aime. Retire ta main de mon bras et retourne t'en."

Loin s'en faut, alors que la glace lui pétrifie les jambes et l'immobilise, elle sent sur ses lèvres gercées la braise de celles de l'amant. S'enhardissant, il la serre contre elle et cherche à la réchauffer de son corps, dans ce baiser il laisse s'enfuir tout l'amour qu'il lui porte, toute la chaleur que sa vue fait naître en lui. Il plonge alors son regard dans les deux yeux gouttes d'eau de celle qu'il aime, mais il n'y voit que trop clair; la glace l'a sculptée assise et désespérée.

Alors Menelon ferme les yeux et le froid de sa compagne l'envahit, ses mains et sa bouche collés à la statue de glace, il partagera le sort de celle qu'il aime. Peu à peu, la glace remplace ses chairs et ses larmes sont deux ruisseaux.

L'hiver, quand le froid transforme le lac en un miroir brillant, on retrouve au milieu de la brume les deux corps enlacés de Soshué et de Menelon. Si jamais vous passez à Evelin, dans le lointain pays d'Indré, n'oubliez pas d'y poser votre main et de leur donner un peu de votre chaleur.

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 14:16

"Non non, ce sera un article sans rien d'exceptionnel hors ma vie. Ce cher ami Liam Fawkes passe le hoover dans la maison ( à trois étages tout de même) parce que c'est sa tâche du cleaning plan pour la semaine, tandis que moi j'ai le droit de lézarder sur son Mac en écoutant The Battle de Gladiator." 

Ainsi fut commencé un article que je ne me sens pas le droit de laisser aux oubliettes comme tant d'autres. Aujourd'hui, je suis bel(le) et bien rentrée en france, mais Manchester n'est pas si loin, et bien que banaux certains instants mériteraient d'être confinés ici avant que le temps efface peu à peu ma mémoire de goldfish. Oui, j'ai entendu Liam dire ça (dans une phrase en anglais, bien évidemment. Qu'est ce que les français sont classes quand ils parlent anglais.) et j'ai trouvé ça fun que les anglosaxons disent goldfish (poisson doré) pour un poisson... rouge. Quoiqu'il en soit, beaucoup trop de moments devraient être racontés, des moments bien plus marquants et bien plus beaux que celui que je vais vous écrire, mais tout ne doit pas être raconté n'est-ce pas? Certaines choses resteront bien au chaud dans ma mémoire, et seule moi aura le droit de m'en repasser le film à loisir. Et le jour où Alzeihmer me grignotera le cerveau et bien... tout cela disparaîtra comme neige au soleil. Ou pas.

Oui. En Angleterre la neige ne fond PAS au soleil. 

 

Je suis assise à la place 6D dans l'avion à hélice Flybe qui relie Southampton et Manchester. J'avais choisi cette place pour pouvoir toujours être à côté de la vitre, et regarder le monde vu d'en haut.

A côté de moi, un anglais en costume cravate me sourit, un quarantenaire charmant et galant comme pas deux qui m'avait mit mon bagage dans le compartiment lors du départ de Southampton. Je lui fait un petit sourire puis détourne bien vite le regard. Si j'avais sû parler anglais, nous aurions pu discuter je n'en doute pas, tout dans son attitude signifiait qu'il était prêt à papoter autant que je le voulais pour m'être d'agréable compagnie. Quand on me parlera de gentleman anglais, désormais je penserai à lui.

Mais ce qui se passe du côté de la vitre retient bien plus mon attention. Nous survolons Manchester. Il est 17h, la nuit est tombée depuis quelques temps déjà et la vue est à couper le souffle: la ville ressemble à une immense treille de petites lumières chaudes et scintillantes, comme si une quelconque divinité avait laissé tomber le pot de poudre dorée par mégarde parce que le eggnog débordait de la casserole divine. Et c'est ainsi que le secret de cette gourmandise arriva chez Starbuck's coffee. Peut-il y avoir une fête sans eggn... mince je me publicitégare.

Mon nez presque collé à la vitre, je regarde ces milliers de points lumineux et j'imagine la maison de Liam ici... peut-être là? Cela faisait tellement longtemps que j'attendais ce moment que du haut des quelques dix kilomètres d'altitude où je me trouve, jamais je ne me suis sentie si proche. Maintenant nous dépassons un incroyable cordon de lumière blanche qui serpente au milieu de l'or des quartiers résidentiels. C'est sans doute une autoroute, bondée à l'heure qu'il est, qui se déroule comme un ruban. Puis la voix off  me coupe de ma divine rêverie pour me dire de m'attacher parce que nous allons aborder la descente. Peu à peu, je perd cette magnifique vue d'ensemble, les points grossissent, l'avion tremble.

J'arrive.

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 21:16

noe.JPG

Je tape violemment dans le bouton d'appel de l'ascenseur en essayant de mettre mes boucles d'oreilles. Les portes s'ouvrent avec une lenteur exaspérante, je saute dedans et j'appuie longuement par à coups sur le bouton pour le rez de chaussée qui s'illumine enfin après quelques secondes qui se sont égrénées aussi vite que les cours de statistiques. La descente me laisse juste le temps de réussir à mettre ma deuxième boucle d'oreille.

Je suis en retard.

Depuis le hall de mon immeuble, j'entraperçois Noémie qui m'attend sur le trottoir humide et qui regarde au loin. Cette image change au cours de l'année; des fois elle est pelotonnée dans son manteau noir boutonné jusqu'au cou blottie sous son parapluie, d'autres fois elle est en tongs brillantes et haut sexy. En ce moment, c'est plutôt manteau parapluie, mais toujours, elle regarde en haut de la rue, et je ne sais toujours pas ce qu'il s'y trouve de particulier. Je n'ai jamais rien vu, moi.

Cela fait peut-être une bonne centaine de fois que nous faisons le chemin qui mène à l'école ensemble, et je crois que pas une fois nous n'avons pas sû quoi dire. Les petits riens de nos vies semblent toujours dignes d'être racontés sans complexe, et bon nombre de choses sont pretexte à grogner histoire de bien vider son sac pour commencer la journée.

Comme tous les rituels, il y a des phases qui se répètent : j'entends toujours Noémie grogner lorsqu'on monte les marches (que j'appelle les marches aux lavandes, mais si, souvenez vous !) qui mènent au parc du Thabor. Comme l'effort ne nous fait pas peur pour autant, on continue de parler et on arrive en haut essouflées comme des grabataires, à parler avec la voix entrecoupée de respirations rendues sifflantes par l'effort et la froide humidité bretonne.

En passant la grille, nous arrivons dans un monde de verdure encore humide de rosée - ou de pluie, c'est toujours difficile de faire la différence chez nous - . En ce moment, nous longeons les rosiers en fleur qui dispensent leur parfum comme jamais dans le reste de la journée. Peut-être notre odorat encore neuf du jour perçoit-il plus facilement la subtile flagrance à ce moment privilégié? Peut-être est-ce tout simplement dû à notre hyperventilation après la montée des marches?

Quand on visite le Thabor tôt le matin, on a l'impression de rentrer dans un endroit où on ne devrait pas être. On croise les écureuils gris et roux qui traversent les chemins en galopant (poursuivis par les cris d'admiration de Noémie qui à ce moment là n'en a généralement rien à foutre que je lui raconte comme que c'était formidable de voir tous les écureuils à Londres, et je la comprends, elle a entendu l'anecdote une dizaine de fois). On dit bonjour aux jardiniers qui profitent de cet instant de calme pour prendre soin des plantes, tailler les haies, dessiner les motifs avec les pensées... Enfin, la troisième et dernière population du Thabor à 8h du matin sont les gens qui font leur jogging.

Cette marche tranquille dans le parc est toujours l'occasion rêvée pour parler de nos cours, de nos amours, de nos soucis et de la journée à venir. C'est un peu l'état des lieux avant de commencer notre journée, qui trouvera son corollaire dans le bilan qui sera fait le soir en prenant le chemin en sens inverse pour rentrer chez nous.

La dernière étape est la rue St Melaine, avec ses adorables pavés.

Cet article, c'est un petit peu une dédicace pour toi Noémie; quand je parle de toi je ne peux pas m'empêcher de dépeindre à chaque fois ton côté grognon (mignon), mais il n'en reste pas moins que je  te compte comme une amie précieuse qui a toujours sû m'écouter et grogner pour moi contre le reste du monde. A t'entendre, je suis parfaite et les autres sont cons;

Ca a beau être vrai, c'est toujours agréable à entendre.

Comme je ne suis pas douée pour faire des compliments, je m'y attelle ici car tout le monde a le droit d'en prendre conscience : ton esprit critique est salvateur dans mes histoires où je ne sais rapidement plus si ce que je fais est Bien avec un grand B. Même quand à mon avis tu te trompes ou que je rejette tes idées, et bien cela m'éclaire suffisament pour que je me rende compte que ce que je fais est Bien (oui, c'est compliqué j'ai dit!). Tu m'es d'une grande aide dans mes préoccupations quotidiennes.

J'ai appris à trouver derrière tes piques une personnalité qui sait bien se cacher et qui se pose des questions justes. Et j'en suis fière!

A demain... 12H30 (l'exception qui confirme la règle ;) )

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 14:34

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Triste plagiat d'un article de quelqu'un d'autre dont je me suis rendu compte a posteriori... tant pis...

 

Il y a d'abord Sandrine Arcizet, qui veut me voir faire du sport. Avec sa voix mielleuse, jamais essouflée et son petit regard amusé elle est là à m'encourager "Non non, on se n'arrête pas, on ne lâche pas !". Sandrine est blonde, super bien foutue, Sandrine est sportive et parfaite. Sandrine, c'est la coach sportif de direct 8, sur l'émission Gym Direct, dont les vidéo sont sur le net et que je m'efforce de faire une à deux fois par semaine avec elle. Comme le disent avec pessimisme tous mes amis jaloux de ma volonté de fer, "ouaiiiis ce genre de gym c'est pas du sport c'est de l'entretien". Oui, certes les amis, mais quand on part avec un capital sportif de zéro, ça peut pas être de l'entretien de rien du tout. Ya forcément des muscles qui poussent, et ces muscles là c'est notamment les abdominaux, où je me dis pendant les exercices qu'il faudrait pas que je force trop sous peine de sentir l'un d'entre eux lâcher ses attaches pour attraper une panneau Force Ouvrière et gueuler "JE VEUX RESTER A ZERO HEURE!".

minotaure.JPGIl y a mon frère, qui veut me voir faire du sport. Ce frère qui est construit comme une des créatures de la BD La Licorne, avec des muscles partout même qu'on a l'impression que c'est popeye vraiment quand il contracte son biceps. Alors qu'il mange même pas d'épinards.

"Si tu veux, je cours avec toi autour de l'étang !"

Mon cul ouais. Il court pas avec moi mais loin devant moi, avec 6 ou 7 tours d'avance, d'une démarche souple et athlétique le sourire aux lèvres alors que j'ai qu'une seule envie c'est de buter un canard ou deux pour passer toute ma souffrance sur un pauvre petit être innocent à qui on a jamais demandé de courir.

Il y a Nath, qui veut me voir faire du sport. Nathalie, super bien foutue également et qui pourrait presque s'appeler Sandrine si elle n'était brune. Nathalie a juste fait de la natation de compétition toute sa vie pour finalement devenir sauveteuse en mer comme Pamela Anderson, dans une version un peu épurée d'Alerte à Malibu (c'est à dire avec la pluie bretonne et des maillots bleus très moches). Nathalie ne cesse de pousser des cris d'orfraie qui font "Noooooooon je suis pas foooorte en spoooooort... noooooon. Noooooon je cours pas tout l'été nooooooon. Noooooon je fais pas de la muscu nooooooon tout le mooooonde te le dira! On court ensemble?". Une sorte de "frère musclé" version amie qui courra aussi avec 6 ou 7 tours d'avance, par analogie.

Il y a Werschu, toute en muscle qui n'a jamais cessé le sport, même après avoir eu le bac, qui pousse pour qu'on s'inscrive au tennis, tous les ans, vers fin-août. Werschu avec qui je vais à la piscine de temps en temps dans l'année pour nager difficilement une heure et qui dit "non, je n'aime pas la brasse, ça me fatigue plus que le crawl." (mais comment est-ce possible???) Mais le tennis faut être là le jour de l'inscription, sinon a pu de place... donc cette année ce sera le sport hautement intensif qu'on appelle aussi le yoga.

Il y a ma mère, qui fait de la plongée et qui nage difficilement ses 6 longueurs, qui aimerait que je fasse plus de sport - comme elle- . " Et tu aurais pas pu choisir un sport qui remue plus que le yoga?"

Et puis il y a les culpabilisateurs.

Hélène, par exemple, souriante avec ses "Ah, et bien j'ai été courir 2h hier, et ce soir et demain c'est judo de 20h à 22H; compétition samedi et puis... peut-être que j'irais courir un peu avant avec Sophie, pour m'échauffer. Et toi, t'en es où de ton sport?

- Et bien euh... Sandrine... sur direct 8... la gym...

- Ah, mais c'est de l'entretien ça!

- ..."

Il y a Laurent, qui est bien baraque quoi qu'il en dise avec ses bras comme des troncs, qui fait du tennis depuis qu'il est petit, qui court régulièrement, qui joue le faux-culpabilisateur avec ses questions lourdement inquisitrices : "Et t'as fait ta gym aujourd'hui?

- **honte** Euh... non, tu comprends, j'me suis réveillée il y a une heure, j'ai pas trop la motivation... mais demain oui hein j'me forcerai, je la ferais...

- Ah ouf, j'ai cru que j'étais à la masse.

- ..."

Il y avait Kmi à une époque, qui prenait régulièrement des nouvelles de combien d'abdos je faisais et qui me disait "ah bah moi j'en fais tous les matins 80, 10 pompes et des tractions." Mon Dieu.

Il y a mon autre frère, qui s'est acheté des haltères (en fait, mes deux frères en ont) et qui s'amuse à soulever ses 6 kilo à chaque bras, affalé dans le canapé en regardant la télé et qui lance un "eyh Marion, ça va?" quand je rentre après ma journée. Non, ça va pas depuis que j'ai réalisé que je pouvais soulever 6 kilo avec mes deux bras seulement.

 

Quoiqu'il en soit, ça fait 3 semaines que je m'accroche. Sandrine fait du bon boulot, et dès mon retour à rennes... jogging jogging jogging avec Nath et peut-être Hélène, Yoga et natation avec Werschu et nath. J'y crois, et faites que ça continue !

 

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 23:01

http://www.labelseance.com/medias/img/irisFacadeNuit.jpg

Dans mon cinéma à moi, si la séance commence à 20H30, la billetterie ouvre à 20. Dans mon cinéma à moi, ne cherchez  pas une quelconque appartenance à une grande succursale de cinéma, pas de Gaumont, pas de Cinéville, mais un petit cinéma associatif tenu par une centaine de bénévoles.

Le pouvoir de ce cinéma a été de me donner un goût immodéré pour tout ce qui entoure une séance de cinéma en elle-même. Le choix de la place idéale, l'hésitation devant la machine à bonbons, le court métrage et les bandes annonces sont pour moi comme une entrée en matière délicieuse avant le film proprement dit qui, soit dit en passant, pourrait très bien se regarder sur canal + . Il m'est tout simplement inenvisageable de louper toute cette étape, ce serait comme se laver les dents sans dentifrice ; ça pourrait le faire... mais en fait ça le fait pas.

Ce qui fait que j'adore ce cinéma, qui a baigné mon enfance et ma scolarité jusqu'au lycée, c'est qu'il est associatif. Les films qui y passent vont du hit grosse production actuelle (mais sans la 3D, et faites que ça dure) aux films d'art et essais, qui règnent en grande majorité. Mais surtout, surtout... c'est toutes les petites erreurs d'amateurs qui donnent comme une saveur différente à chaque séance de cinéma; quand par exemple toutes les bandes annonces sont passées à l'envers, comme si on remontait le temps. Les explosions se désexplosent, les voitures reculent, les gens démarchent. Rigolez, mais une stupide bande annonce de film de course-poursuite devient vachement rigolote. Nous avons aussi le droit de temps en temps à une partie du film à l'envers, les bonhommes la tête en bas. Parfois même, c'est l'entracte forcée parce que la bande a été sectionnée. Tout à l'heure, j'ai eu le droit à 10 min de film tressautant, comme si la bobine avait parkinson... loin de me gâcher ma séance, ça me fait sourire et je me dis que pourvu que cette ambiance de vieux cinéma dure. Parce que quand j'y suis, je me sens au cinéma.

Quelque chose d'autre, qui fait la force du cinéma de chez moi, c'est les publicités. Tous, vous êtes habitués à des publicités classiques M&M's, Fanta, Windows non? Et bien chez nous, les publicités sont FAITES pour faire rire, j'en suis persuadée.

Cela commence généralement par une publicité avec un mec assis décontracté sur une échelle, tout seul sur un fond blanc, qui tient un pinceau de peinture jaune dans la main style "je fais pas gaffe que la peinture tombe sur ma moquette toute neuve puisque visiblement je fais des travaux chez moi". Il sourit à pleines dents blanches, excité tout seul sur son échelle et puis  rapidement le décor arrive par vagues tout autour de lui; des rayonnages, des écriteaux, des tables de jardin, des vis, des planches, et j'en passe; "Weldom, le magasin bricolage près de chez vous". Le mec sur son échelle regarde à droite, à gauche, ébahi et heureux parce que mine de rien il devait se sentir seul et con sur son échelle avec son putain de pinceau et sa putain de peinture jaune. Alors qu'une voix off déballe un petit texte que personne n'écoute sur comment que c'est formidable un magasin Weldom à Q**********, une caméra se balade dans les rayonnages pour filmer les vrais gens, petits, rablés, les bottes en caoutchouc vert de jardin aux pieds, qui ont été pris au dépourvu dans leurs travaux et qu'arrivent comme ça style de rien à Weldom "le magasin bricolage près de chez vous" pour également être pris au dépourvu pour tourner une saloperie de pub que des générations entières de gosses verront au cinéma.

Généralement, la meilleure publicité suit juste après, c'est celle qui me fait exploser de rire avec le reste du public. La caméra rentre dans un salon très clair, lumineux, derrière un mec assis dans son canapé, le bras posé sur le dossier. Alors que la caméra avance, et contourne le canapé, le mec jette un regard simultané à la caméra, avec une sourire DEJA inscrit sur le visage avant qu'il ne repère la caméra. Style, j'suis heureux dans mon canapé et je souris, oh mince, une caméra m'a filmé pile quand je m'y attendais pas. Cet homme porte un petit polo vert, il a les jambes croisées et a la pire tête de con jamais vue sur terre, mais je crois que c'est juste son sourire crispé qui fait ça. Déjà, là, on rigole. La caméra se pose face au canapé, et la femme de Polo Vert Qui Sourit rentre en scène, avec exactement le même sourire con et crispé et vient s'asseoir à côté de son mari. Elle pose sa main sur celle de son mari, - gros plan sur leurs deux mains jointes qui portent chacune une alliance rutilante, à tel point qu'on se demande la première fois si la pub n'est pas pour une bijouterie -. Et là, l'apothéose : elle pose sa tête sur l'épaule de Polo Vert qui, lui, ne fait pas UN GESTE pour l'accueillir, parce qu'il est crispé Polo Vert, on sent qu'il craint que sa véritable femme lui fasse une scène le soir en rentrant du tournage. Il faut bien réaliser que  pendant toute la publicité, le sourire est là, identique, le visage ne change pas, aucune émotion ne passe. En fond... une petite musique niaise. Puis le slogan de la publicité : "Meubles Coëdel : on se meuble comme on aime."

Il y en a beaucoup, qu'ils panachent entre les séances; ce soir c'était la mutuelle des pays de Vilaine : on filme des gens qui se tapent la bise le long du canal, avec un jeune en short qui court derrière (on aurait juré que c'était mon frère qui s'était fait filmer tant la ressemblance est frappante). Puis le jeune rejoint sa famille qui faisait un pic nic sans l'avoir attendu (qu'avait-il oublié dans la voiture ce sale gosse???). Et tout le monde est vachement heureux d'être le long du canal.

  Arrêtez d'aller au cinéville ou au gaumont. Revenons aux vraies valeurs! Sauvez vos petits cinémas autonomes avec leurs publicités qui font rêver ! Ah là là, j'adore le cinéma =D

PS : Je reviens de la séance Des Hommes et des Dieux. Très bon film, mais qui réclame d'être un poil tolérant question catholicisme et d'être pas endormi (comme moi) parce que c'est assez long. Mais il fait réfléchir sur la si facile disparition de la notion d'humanité dans un cadre de terreur et de violence et ma fois, ça ne me choque pas qu'il aie eu le grand prix à Cannes !

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 17:26

http://1.bp.blogspot.com/_cg3UUR7SG3w/S87f-pzWh6I/AAAAAAAABLg/gNNHhP4NMgs/s1600/pommes+de+terre+gp6.jpg

 

C'est pas le printemps, mais c'est la rentrée ! C'est pourquoi je change de plateforme de blog, afin de faire peau neuve et obtenir quelques fonctionnalités fort intéressantes que je ne vous exposerai pas, par pudeur et dignité. Mais cela n'empêchera pas certains de deviner.

Maintenant, pourquoi le thème des patates... mais voyons, pour faire un lien avec ma SUPERBE bannière réalisée par moi-même et qui m'a prit bien du temps pour finalement obtenir quelque chose de si simple! C'est comme modifier les pages CSS. Ca faisait longtemps que je ne m'y étais pas plongée, et ça ne revient que laborieusement par petits bouts...

Non, et puis les pommes de terre m'ont toujours semblées sympathiques. Et ça rappellera à certains l'époque de mes dessins patates que je regarde aujourd'hui avec honte et rouge aux joues... comme une tomate (à croire que j'ai une certaine composante végétale)...

 

Ce blog rentre également dans les bonnes résolutions de Septembre, rejoignant les traditionnels "je travaillerai plus régulièrement", "j'irais à la BU avec Hélène", "je me remettrai à lire", "j'écrirai", "je ferai des cas pratiques", "je dessinerai", "je me mettrai à la cuisine", "je sortirai autre part qu'au cinéma", "j'économiserai", "je rencontrerai plein de gens", "j'irais voir mes éparpillamis (terme que je viens d'inventer pour parler de tous les amis éparpillés)"...

Pour ce blog, j'aimerai y illustrer davantage mes articles par mes dessins (comme l'a souligné Caro) et faire des petites vidéos bien rigolotes comme celles de mon amie de Voguer sur la vague et divaguer (qui ferait bien soit dit en passant d'établir un flux RSS pour ses articles pour me faciliter la tâche :-°), petites vidéos qui permettent mine de rien d'avoir des nouvelles de vive voix qui font bien plaisir. Ce seront mes deux principaux axes de développement pour ce blog ! Si vous voyez d'autres choses, vos idées sont les bienvenues.

 

Voici le lien de mon ancien blog, contenant mes articles des deux dernières années, que je n'ai pas eu le courage de copier et coller ici. Il prend donc le statut de blog décédé. Il y en a 4-5 à moi qui trainent maintenant sur la toile, petits cadavres desséchés d'araignées...à vous de remonter jusqu'à l'époque de mon bac si le coeur vous en dit !

Raconter au passé et au présent

 

A bientôt ! 

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  • : Patate y Patata
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