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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 01:45

Bon, cet article n'a pas beaucoup de mérite : c'est une reprise d'un ancien blog, un texte souvenir de la randonnée que j'avais fait avec Flavien et Hélène en septembre 2008. Hélène m'a demandé de le lui renvoyer pour qu'elle l'enregistre, je l'ai donc relu et j'ai encore rit. Il est très long, avis aux intéressés! Et certaines parties sont exceptionnellement mal écrites... mais je me pardonne, ça date de 2008, j'étais jeune alors ! Je venais tout juste d'avoir mon concours de sage-femme, je commençais mes études à l'école quelques jours après... je m'installais en colloc avec Max aussi. 

Bref. Bonne lecture!

 

Des Houches au Léman, du 01 / 09 / 2008 au 12 / 09 / 2008

photo-257309-M.gifCa faisait longtemps qu'on en parlait avec Flavien, voilà qu'elle s'est concrétisée, cette randonnée... nous sommes bel et bien allés dans les Alpes, et avons fait un petit tronçon du célèbre GR5 qui va en réalité d'Amsterdam à Nîmes. Nous étions trois guerriers : Flavien, Hélène et moi.

Notez d'emblée qu'en bon bretons, nous avons fait le trajet à l'envers. Tout le monde nous le faisait remarquer avec étonnement, mais on sait tous que les bretons portent des cirés, des bottes et en prime sont des têtes de cochon (je passe sur les chapeaux ronds).

Vous avez à gauche la carte de la page de garde du topoguide qui a été quasiment le quatrième larron de l'aventure, au vu de l'utilisation régulière que nous avons fait de lui. Sur cette carte, vous avez un trajet en rouge, qui est le trajet que nous avons réalisé. Vous remarquerez également un trajet parallèle en rouge pointillé blanc, qui est le trajet que nous aurions dû faire. Dans un soucis de réalisme, j'ai représenté le petit détour à Sixt, qui est de mon fait. Oui, oui, c'est la rare fois où j'ai indiqué le chemin, et la seule fois que nous nous sommes perdus.

Mais Sixt est superbe.

Quand je regarde cette carte, je ne peux pas m'empêcher d'être fière de nous concernant la première moitié, et un peu honteuse concernant le moment où nous avons bifurqué du GR5 au niveau des Dents Blanches. Ca fait faible, de voir que le chemin suit la vallée qui est en vert et donc plate dans nos têtes, mais ça montait de temps à autre, je vous assure ! De plus, sur le moment... le fait que nous descendions vers la vallée a été un réel soulagement pour moi (ah, ça je ne le disais pas pendant la rando... hors de question de confirmer mon statut de boulet :p)

01/09/2008 : Train

Nous prenons le train à 19h30 à Redon. Les sacs sont extrêmement lourds, mais ça... même si on en rigole sur le moment, on ne réalise pas vraiment ce que ça implique pour la rando. Jeunes et inexpérimentés, nous n'avons pas pensé à les peser...! La nuit est très mauvaise pour moi. Environ 3h de sommeil si on additionne toutes les tranches de sommeil de 10 minutes. La lecture du magasine Public et les ronflements du mec derrière étaient les seules distractions.

02/09/2008: Brévent

L'arrivée est assez décevante en fait. Je pensais arriver dans des vallées magnifiques après Lyon, mais il n'en était rien. Ce n'est que dans les 15 dernières minutes de train que le paysage présentait de véritables montagnes, vers St Gervais, que vous pouvez voir sur la carte. Nous prenons un petit train courageux qui nous monte à Les Houches, d'où nous entamons les premiers pas de la rando, à 14h.

Et les premiers pas sont douloureux. Je parle pour moi, bien sûr, pendant tout ce récit je raconte la manière dont j'ai ressenti les épisodes. Hélène et Flavien ont vécu la rando différemment.

Les premiers pas sont très douloureux... pas de sport pendant 2 ans, une malheureuse rando solitaire cet été qui m'avait déjà parue difficile alors qu'elle ne montait presque pas, une masse graisseuse conséquente et des restes de muscles plus appropriés à la nage qu'à la marche... Au bout de 20 min de légère montée, j'ai supplié Hélène et Flavien de faire une pause pour retrouver mon souffle. Et là... j'avais le moral dans les chaussures de marche, je dois l'avouer. Eux grimpaient sans problème alors que mes jambes me faisaient déjà mal, que je dégoulinais et que mon coeur battait la chamade... si je craquais dès les premières 20 min, comment pourrais-je donc faire cette rando? Je ne supporte pas d'être une charge pour les autres, je déteste demander de l'aide, je hais les travaux de groupe, et voilà que je suis obligée de supplier mes amis de s'arrêter, voilà que je suis la faible, le boulet qu'on traîne, dont on a pitié, dont on peut se moquer allègrement. (Hélène et Flavien ne l'ont jamais fait, heureusement, mais c'est ce que je pense toujours dans ce genre de situation que je souhaiterais exceptionnelle).

Nous avons passé l'après midi entière à grimper. Flavien était en tête (lui qui avait le sac le plus lourd, et de loin >.<), Hélène suivait, puis moi, dernière, trainaît la patte. Hélène était d'un réconfort important pour moi, c'était bizarre. Elle disait "allez, ma Mion...!", le genre de reflexion qui, dans une situation où on ne souffre pas trop, semble moqueuse. Dans le contexte, ça me réchauffait le coeur, et mine de rien, ça me faisait avancer. On faisait des pauses, fréquemment au début, par égards pour moi (aïe aïe l'égo), puis de moins en moins au fur et à mesure qu'on se rendait compte qu'on n'atteindrait jamais notre but avant la nuit. Les gens qu'on croisait nous disaient même parfois qu'il fallait qu'on se prépare à dormir contre un arbre. Et la météo était de moins en moins radieuse.

photo-257490-M.jpgJe n'ose même pas vous décrire dans quel état psychologique j'étais pendant la dernière heure de marche (nous sommes arrivés vers 20 heures au refuge de Bellachat, notre but). Je n'avais même pas la force de déprimer, et il était tout simplement inconcevable de s'arrêter là où nous étions pour une nuit à la belle étoile. J'avançais sur les nerfs je pense.

La dernière demi-heure de marche, j'avançais en moyenne de 5 pas et je m'arrêtais. photo-257493-M.jpgQuand Flavien nous a crié qu'il voyait le refuge, je n'ai même pas eu la bouffée de soulagement que j'attendais depuis quelques heures. J'en avais plus la force, déjà, et le fait que Flavien soit environ une dizaine de lacets plus haut n'aidait pas.

Nous avons planté la tente dans l'optique d'une nuit calme à côté du refuge, puis avons dégusté un chocolat chaud bien réconfortant. La terrasse du refuge donnait sur Chamonix de nuit, en contrebas... c'était magnifique. Seul bémol : les chiottes à la turque, notre hantise à tous les trois !

03/09/2008: du col du Brévent au refuge de Moëde (Anterne)

On pouvait espérer une nuit calme, mais il n'en fut pas ainsi : à 1h du matin, un vent violent menace l'intégrité de notre tente et la nuit de Flavien. Nous... déplantons la tente à la lumière des torches et transportons tout notre barda dans la salle commune du refuge, que la tenancière nous avait autorisé à utiliser pour dormir en cas de problème. Pour le coup, Chamonix en contrebas était plus effrayante qu'autre chose... !

Hélène se propose pour faire les allers retours entre le refuge et la tente pendant que nous plierions bagages Flavien et moi.

"Tu vas y arriver?

- Mais oui."

La voilà qui part avec sa lampe torche... dans la mauvaise direction. La perspective de la voir chuter dans le vide de Chamonix ne nous tentant guère, nous lui avons retiré de force la lampe torche des mains.

Nous dormons à même le carrelage jusqu'à 7h, heure moyenne de lever des randonneurs. La brave dame ne nous fait heureusement rien payer.

Un mal pour un bien, nous partons tôt du refuge, ce qui nous permet d'entrapercevoir deux chamois très mignons et vraiment peu craintifs. Le paysage est désormais rocailleux, les buissons de myrtilles ayant laissé place à l'herbe rase et aux rochers.

photo-257534-M.jpgCe passage là, qui était encore de la montée pourtant, m'a semblé tellement facile comparé à la veille que je l'ai pris comme une partie de plaisir. Nous jouissions d'une vue magnifique sur le Mont Blanc et ses glaciers (ou plus précisément : "Mont Blanc du Tacul, Mont Maudit et Mont Blanc", comme dirait Flavien )

Pourtant, la journée a été longue. Nous avons été au col du Brévent, ou presque, puis nous avons entamé la descente qui était assez épuisante aussi. Il n'y avait plus que de la caillasse, à ce niveau, l'herbe ne devait pas trouver la température à son goût (et je la comprends).

Il y a même eu un petit passage rigolo de descente d'échelle en acier comme je l'avais crainte dans ma rando solitaire de cet été... une fois le col passé, on avait vue sur la vallée que nous devions traverser, et même sur les chalets où nous comptions passer la nuit suivante cause météo.

Ca a été... super long. On avait l'impression qu'on n'atteindrait jamais ce p**** de refuge... et le pire c'est que ça remontait sur la fin, alors que je commençais à être fatiguée de la journée de marche. La pluie s'est mise à tomber sur les 200 derniers mètres, et là encore, heureusement que Hélène était loin devant, parce que j'avais besoin de me défouler sur n'importe quoi, quelque chose ou quelqu'un. Il valait mieux que je me défoule sur moi même :p

Le refuge était grand, cher, certes, mais nous étions heureux d'être au sec pour la nuit qui s'annonçait mouvementée. Et il y avait des douches (tiédasses voire froides).

Et là... j'ai assisté à une lutte de titans. Hélène versus Flavien. C'était principalement dû à la fatigue, je le voyais bien. Eux sans doute moins... La chamaillerie a commencé par les projets à long terme de la rando. Hélène voulait continuer le GR5 dans les hauteurs alors que Flavien envisageait de redescendre dans la vallée au vu de notre rythme et de la météo qui allait assurément nous ralentir (de la pluie, c'est galère en montagne : l'eau devient boueuse, les chemins de rando deviennent des ruisseaux et la moindre trace de terre devient de la boue glissante). Le débat faisait son chemin, ils ont fait tous les deux des compromis... et là, le plus drôle, c'est qu'ils continuaient de s'engueuler alors qu'ils disaient la même chose. Exactement la même chose: qu'on aviserait en fonction de la météo. Mais les deux voulaient avoir le dernier mot, alors ils continuaient. Je trouvais ça drôle au début.

Moi, cet épisode m'a valû d'être traitée de "bonne pâte" par Flavien, et de "caractère d'ange" par Hélène. Juste parce que j'ai joué l'hypocrite avec les deux comme à mon habitude lorsqu'ils me demandaient mon avis à part du dernier. J'étais du même avis que Flavien dès le départ, mais je voulais pas me mettre Hélène à dos :-° J'ai juste tempéré les propos de Flavien sans m'opposer à lui franchement, et j'ai acquiescé à certaines reflexions d'Hélène.

Cette faiblesse de caractère, cette couardise, a été sujette à compliments après, transformée en atout. Je comprends toujours pas.

Le refuge était cher.

On leur a donc piqué du jus d'orange et du lait au pti dej. Subtile vengeance.

04/09/2008: du col d'Anterne aux chalets d'Anterne (?)

photo-257535-M.jpgNous sommes repartis le lendemain sous la pluie et un ciel bouché de nuages, entamant le parcours par la montée du col d'Anterne. Nous nous étions mis d'accord pour ne pas marcher beaucoup, car la fréquence des refuges ne nous autorisait pas à faire une distance raisonnable pour la journée. Nous sommes passés à côté du lac d'Anterne que vous pouvez voir à côté. Imaginez juste qu'il pleut et que le ciel est sombre et gris. L'herbe verte est un petit marécage par temps de pluie.

Le trou dans ma chaussure gauche commença à m'être fatal. J'avais de l'eau plein la godasse.

Nous étions heureux arrivés au refuge. Nous avons passé l'après midi à jouer aux cartes et à nous réchauffer en voyant arriver les randonneurs. J'oublie la plupart des anecdotes qui se déroulent entre nous pendant la marche et les arrêts. Alors tant que j'y pense, c'est à cette étape que Flavien a renversé pour la première fois le réchaud avec les pâtes, qu'il m'a renversé -exprès?- la boite de thon sur les genoux (le pantalon était propre du matin), c'est à cette étape que je faisais de l'effet à l'âne du coin qui se mettait à braire de toutes ses forces dès qu'il me voyait, que j'ai perdu le savon (???), c'est à cette étape qu'Hélène a réussi à tenir tête aux idioties de Flavien au moment du riz au lait (il faisait tout pour nous faire rire et nous empêcher ainsi de manger notre part de mont blanc), c'est aussi à cette étape que nous avons le plus appris des autres randonneurs expérimentés. Le fait de mettre un sac poubelle en doublure interne du sac à dos, de mettre les abricots et autres dans des sachets fraicheurs du frigidère, l'intérêt des bâtons de marche...

Notez aussi que dans tous les arrêts en refuge, il règne une ambiance sympathique. Ils mangent tous fondue le soir pendant que nous, nous expérimentions des recettes comme pâtes au thon, pâte à la soupe... de quoi se dégoûter des pâtes, presque.

Extinction des feux à 21h30.

05/09/2008: Glaise, cascade Sixt et Samoëns !

Levé 7h30. Nous nous réjouissions de retrouver un rythme scolaire.

Ce jour là, la destination était Samoëns, une ville dans le creux de la vallée. Nous étions au départ dans des plateaux qui s'apparentaient plus à la texture d'une énorme éponge humide. C'est galère sur le moment, mais quand on a aperçut la suite... sur une distance indéterminée de descente abrupte, le sol était une véritable patinoire de glaise.

"De la glaise, c'est juste de la boue non?" vous direz-vous sûrement. La glaise, c'est sans doute la texture de sol que j'ai le plus détesté, et pourtant on a expérimenté nombre de sols différents (herbe, boue, caillasse, énormes rochers lisses et glissants, secs, roche moussue...morceaux d'ardoise, galère aussi à la reflexion).

La glaise, c'est de la boue, oui, mais de la boue collante. Pas de la boue qui s'en va pendant les pas suivants, non... de la boue qui se colle à vos crampons et qui s'accumule progressivement jusqu'à n'être plus qu'une seconde semelle parfaitement lisse. Rajoutez à ça un sol avecune inclinaison moyenne de 30° et vous vous représenterez bien le calvaire que cela a été. C'est là que les chutes devenaient envisageable : Flavien nous a fait un dérapage de 2 mètres et a réussi à s'arrêter avant de chuter dans les arbres en contrebas... c'est en tout cas ce que m'a dit Hélène, moi je n'ai pu admirer que la trace du dérapage en prenant soin de ne pas poser mes pieds aux mêmes endroits que lui.

C'est là que la descente a commencé à me sembler plus exténuante que la montée. Pas de la même manière, en fait. La descente, ça bousille les pieds, qui cognent rapidement dans l'avant des godasses car la chaussette est devenue glissante en raison de l'humidité permanente dûe à la perméabilité des chaussures (ah, ce connard de trou dans la godasse gauche... :'( ). Ca fait travailler les muscles des cuisses, qui sont continuellement en plein effort pour ne pas glisser ou même pour stabiliser la position lorsqu'on s'arrête sur une pente. Chacun vit la descente différement, moi ça allait encore tant que je n'avais pas d'ampoules.

Hélène de son côté... a découvert que les randonneurs ont tout intérêt à être grands. Ca ne vous semble pas logique? Les petits ont de petites jambes, donc les efforts qu'ils font pour descendre d'un rocher ou le monter sont supérieurs: ils doivent monter la jambe plus haut, ou plier davantage les genoux. Hélène descendait parfois sur les fesses car elle n'arrivait pas à descendre debout.

La glaise a fait place finalement à de la caillasse rassurante dans les forêts de sapins.

photo-258317-L.jpg

On a pû admirer de magnifiques et énormes cascades, dans lesquels on pouvait voir parfois un arc en ciel (ici la cascade du rouget). Personne n'a été chercher le trésor, mais je crois que le trésor c'était tout simplement la beauté du lieu!

C'est pendant cette descente que nous avons vu enfin les premières vaches de montagne que Flavien et Hélène m'avaient promis. Elles avaient de grosses et magnifiques cloches qui raisonnaient dans toute la montagne. Elles étaient très sympathiques.

Peu de temps après que je n'ai pas fait traverser un pont à notre petit groupe au bon moment... nous avons débarqué à Sixt, mais comme les autres se doutaient que nous n'étions plus sur le chemin (pu de balisage), ils ont commencé à m'en vouloir et ont refusé de visiter le village. Pourtant je suis certaine qu'il était digne d'être vu, ce village ! L'après midi était ensoleillée, un vrai plaisir de se promener dans la vallée. Nous assistons au passage de radeaux de rafting avec plaisir et envie (j'ai appris ce matin qu'un d'entre eux s'était renversé hier à cet endroit même, qu'il y avait 2 morts et un blessé au décompte final :-X )

Arrivés à Samoens, nous recherchons longtemps le camping, bien excentré. Nous découvrons que Flavien fait une allergie à son sac à dos... des boutons partout sur les épaules XD Le soir... tartiflette au resto ! (c'est pas tous les jours qu'on voit des gens, des voitures et la civilisation...! )

06/09/2008 : col de la Golèse, refuge de Chardonnières

Le lendemain, après une nuit calme dans le camping à l'intérieur d'une tente qui rendait déjà l'âme (une tente de basse qualité :-° ), Hélène me confie qu'elle souffre au pied. En partant du principe qu'en se réchauffant pendant la marche, cela passerait plus ou moins, nous montons le col de la journée (col de la golèse). Flavien nous engueule à moitié parce que nous discutons trop (quand Hélène et moi discutons, on s'arrête pour attendre l'autre et avancer de front)

"Mais c'est lourd, vos arrêts là ! Hélène, va devant, Marion derrière moi!"

Ambiance sympathique :-° (Flavien va m'en vouloir de le présenter comme le père fouettard, mais moi ça me fait marrer XD ). On a vite senti que le pied d'Hélène était beaucoup plus douloureux que ce qu'elle consentait à dire. Pour que je sois devant elle dans la montée, c'est qu'elle allait mal >.<>

AMPOUUUULES

Les ampoules, c'est horrible. On a l'impression d'avoir des petits coussinets de chat sous les pieds, sauf que ça transperce le pied d'une douleur fulgurante à chaque fois qu'on fait un pas. On prend véritablement conscience qu'un pied, ça existe.photo-257492-M.jpg

A ce moment de la randonnée, j'avais l'impression d'être en Suisse. Il faut dire qu'on en était vraiment très près... les paysages correspondaient très exactement à l'idée que je me faisais de la Suisse. Après avoir boitillé dans une descente encore une fois casse-gueule, nous sommes arrivés sous la pluie au refuge de Chardonnières en début d'après midi. C'était le début de notre bifurcation du GR5. Le pied d'Hélène et la météo (plus secrètement : mes ampoules) nous invitaient à redescendre et à accepter le fait que les éléments s'étaient ligués contre nous.

Le refuge de Chardonnière... ça a été une très belle étape, très rigolote. Nous avons longtemps joué à l'Enculette. Oui, j'ai oublié de préciser qu'à chaque fois que nous jouions aux cartes, c'était à l'Enculette. Pour la simple et bonne raison qu'Hélène et Flavien s'amusaient à chaque fois à m'empêcher de remplir mes paris. J'ai perdu à chaque partie. Et je suis mauvaise perdante, c'est bien connu.

Mais le top du top, c'était l'aristo derrière Flavien. Cet épisode, j'ai l'impression de l'avoir raconté des dizaines de fois... rien qu'entre nous, après, on a bien cerné le sujet. Nous étions à une table juste derrière 4 amis ayant la cinquantaine dont une aristo aux cheveux blonds relevés impeccablement en chignon qui parlait très lentement, très dignement, en articulant.

Aristo :Bonjour les jeunes, vous venez d'où?

Flavien : de Bretagne!

Aristo : ah ! "ils ont des chapeaux ronds, vive la bretagne, ils ont des chapeaux ronds, vive les bretons..."

Je regrette de ne pas avoir continué à chanter avec elle le reste de la chanson : ma mère couche avec mon père, ce n'est pas par agrément, mais pour faire un petit frère, pour qu'il garde les vaches aux champs... Comme les seins de ma belle-mère pendent lamentablement, elle fait un noeud par derrière pour ne pas tomber en marchant... etc.

Aristo : Les jeunes, j'espère que vous ne cueillez pas les baies dans les bois.

Nous : Ah?

Aristo : C'est comme à la mer : on nous dit que lorsqu'on soulève un rocher, on doit le remettre en place pour ne pas déranger les petits animaux. Et bien ici c'est pareil.

--gloups. Quid des framboises des bois que nous avions dégusté sur la route une heure auparavant? --

Aristo : De plus, vous pourriez attraper la rage.

Flavien : Hein? :-/

Aristo : oui, les renards urinent dessus des fois. S'ils ont la rage, vous pourriez l'attraper.

--regloups--

Sinon, on l'écoutait parler avec ses amis en essayant de rigoler discrètement derrière nos cartes. Nous avons eu quelques perles :

Aristo : Oh non, la balnéo il ne faut pas en faire trop souvent. C'est épuisant, de changer de piscine sans arrêt... (Hélène manquait s'étouffer à côté de moi)

Aristo : Nous allons quelques fois à Quiberon. Certes, il pleut aussi beaucoup chez eux, mais ils sont armés pour s'en protéger ! Ils ont les cirés et les bottes. N'est-ce pas les Bretons?

Et tant d'autres reflexions ridicules à souhait mais tellement drôles... Flavien rigolait à loisir, puisqu'il leur tournait le dos. Hélène et moi rigolions aussi, du coup, mais nous devions affronter le regard lourd du mari de l'aristo qui nous avait vite cernés... hum. En partant, nous avons eu le droit au clou du spectacle :

Aristo : vous allez où les jeunes?

Hélène : Thonon.

Aristo : n'hésitez pas à aller à l'office du tourisme, il y a un excellent musée sur la pèche à Thonon. Pour vous qui êtes tous enfants de pêcheurs, ça vous intéressera.

Flavien : c'est plutôt agriculteur dans ma famille.

Aristo : Agriculteur, Pêcheur, c'est du pareil au même non?

Et bien devant ce genre de reflexion, vaut mieux être solidement assis sur son banc.

Pour finir, une petite citation de l'aristo en pensant à toi, Max :

Aristo : "La vie, c'est comme un bouquet de fleur. C'est magnifique de trouver des roses à chaque lever, mais il faut quelques chardons pour en apprécier tout le piquant..." (ou quelque chose du genre)

Et je ne résiste pas à l'envie de vous en citer une dernière :

Aristo : Nous, nous avons du soleil où que nous allions, car le véritable soleil est dans le coeur...

Flavien (spontané, ce gars): Il pleut des cordes aujourd'hui.


La soirée, nous avons été réquisitionnés pour faire une longue série de partie de belotes avec la tenancière. Flavien et Hélène ont gagné 4 parties sur 5 :'(

Seuls dans le dortoir, confort !

07/09/2008: A Morzine, on trottine, on trottine.

Nous repartons sous un temps grisatre, en silence. Nous quittions définitivement le GR5 et le charme des hautes montagnes pour rejoindre la vallée de la Dranse de Morzine. D'ailleurs, Morzine, nous finissons par y arriver tant bien que mal, sous le soleil. C'est là qu'Hélène a commencé à imaginer un pseudo bronzage que nous n'avions pas. "Mais si, si, regarde on voit la limite des chaussettes !"

En réalité, il devait bien s'avérer de la limite de la crasse.photo-259789-M.jpg

Nous achetons une trentaine de cartes postales à nous deux, Flavien et moi. Hélène est terrassée par l'ampleur de la tâche que ça représente et décide de bouder sur le trottoir à prendre le soleil pendant que nous passons 1h à choisir les cartes postales les plus pourries.

Il s'avérera plus tard que Flavien en rachètera une douzaine. Oui, ça fait peur. Ca pourrait faire le titre d'un film d'horreur "Flavien et le retour des cartes postales".

Bon, le camping n'était pas à Morzine même (et Morzine est une ville de vallée, donc trèèèès longue), mais à Montriond. Nous avons fait une graaaande boucle pour y accéder, et alors le camping... imaginez le camping le plus beauf possible. 10 emplacements, une salle commune d'un autre siècle, un musée de l'électroménager des années 50, une tonne de moustiques et des voisins adaptés à l'environnement.

Nous en avons profité pour faire atelier couture et recoudre les quatre coins de la tente qui s'étaient arrachés. J'ai impressionné mes deux amis en recousant de fil blanc les attaches. Je dois avouer que je n'ai aucun talent de couture particulier (???) que je n'ai jamais pris de cours, que je fais au feeling en faisant des gros noeuds pour que ça tienne. Ben les deux autres étaient épatés. Comme quoi la gloire tient à peu de choses.

La soirée s'est déroulée tranquillement, dans une ambiance moustique et dernier siècle, à manger du saucisson et du fromage de pays en écrivant les cartes postales et en imaginant ce que serait notre texte pour gagner le concours du magazine Public. J'ai également pour principe de toujours me coucher la plus propre possible, donc contrairement aux autres... j'ai pris une douche :D Oui, j'insiste sur le côté crade d'Hélène et Flavien qui préféraient se laver le matin, pour suer deux heures plus tard dans leurs affaires crades de la veille. Je ne comprends TOUJOURS PAS.

08/09/2008 : On marche, on marche, ça marche.

Nous repartons sous le soleil, tôt dans la matinée très froide (la vapeur nous sortait de la bouche, imaginez ce qu'a été la nuit... heureusement que les duvets "-11° limite" étaient là). Nous plions la tente et les limaces, tout en discutant avec les aimables campeurs du coin. Une bonne dame vient prendre des nouvelles, repart raconter à son mari qui revient pour discuter... mais je vous rappelle que nous sommes encore dans le camping beauf. Le monsieur était... beauf. Type... mafieux italien? Mais pas la version classe, la version beauf... avec la chemise ouverte sur les poils gris du torse, la petite croix autour du cou et tout...

Il est venu s'étonner que nous n'ayons pas les foulards des scouts. J'entendais presque Flavien s'étouffer en répondant que non, nous n'étions pas scouts. Par contre, il nous a donné un truc que nous n'avons pas encore essayé, à savoir mettre des bas dans les chaussettes pour ne pas avoir d'ampoules. Ca me semble plausible... ce sera à essayer la prochaine fois !

Nous trouvons un Champion (c'est fou la civilisation, ça se trouve parfois en montagne aussi :p ) et achetons une batterie de pains au chocolat que nous dégustons en apprenant par coeur les quelques questions de Trivial Pursuit que j'avais ramenées. Et nous marchons, nous marchons... quand je vous dit que cette partie là de la rando était moins sympa? Vous êtes d'accords non? On s'accordait des petits pauses au soleil... fin c'était cool quand même hein, vous inquiétez pas :D

Mais du coup, il n'y a pas grand chose à raconter.

Le midi, nous pic niquons (:-°) dans un pré, dans un petit village dont je ne me souviens plus le nom. Hélène passe bien 15 min à trouver les toilettes publiques à cause d'une envie pressante qui ne saurait attendre, puisqu'elle est pressante. Puis nous dégustons notre repas (pain, fromage, chorizo, carottes... oui oui, j'ai bonne mémoire !). Ensuite, nous nous reposons tranquillement pour digérer en faisant coucou aux automobilistes qui nous dévisageaient comme si nous étions des bêtes curieuses. Puis nous repartons.

Hélène refuse de nous dire où sont les toilettes. Je manque me pisser dessus.

photo-289294-M.jpgL'après midi est entrecoupée de pauses (et de poses) pour finir sur un chemin de balade de la vallée d'Aulps. Il y avait plein de grands panneaux avec de grandes photos de familles du monde. Dessous, quelques mots sur cette famille, qu'on avait aucune raison de connaître et qu'on ne connaîtra jamais autrement que par l'intermédiaire de ce panneau. Nous faisions la lecture de chacun d'entre eux... et on en a vu pas mal.photo-289301-M.jpg

Cette exposition a été une bonne surprise. J'ai pris beaucoup de plaisir à marcher en découvrant le monde alors que nous ne quittions pas les Alpes... mine de rien, on en apprenait beaucoup. Les priorités, la propention à raconter sa vie, le caractère...

Finalement nous arrivons à Biot, une ville charmante. Une ville qui a une boulangerie, et une sorte de ... bar supérette. Flavien refuse que nous achetions du Nutella.

Nous plantons la tente dans la ville-même, sur un petit carré de pelouse à côté d'un terrain de basket. Super bien pensé. A cause des lampadaires juste au dessus, qui éblouissaient, personne ne voyait la tente. Enfin, on nous regardait bizarrement. Et moi je regardais bizarrement ceux qui promenaient leur chien à 21h. Juste retour des choses. (Pis franchement, qui veut promener un chien à 21h? L'heure où commencent les films! Je le dis, ils étaient louches ceux-là).

Ah, et j'ai passé bien 30 min à chercher des toilettes publiques. Toilettes qui étaient fermés dès 18h30. Ca... oui, parce que "on ne vous dit pas tout !" mais en rando, dès qu'on peut éviter d'aller faire ses besoins dans la nature (qui plus est sur un terrain de basket), bah, on s'en donne les moyens. Ca aussi, c'était drôle. Comme vous le savez tous (enfin nan, pas tous), je déteste aller aux toilettes en même temps que qqun d'autre, je n'aime pas beaucoup montrer que je vais faire mes besoins... bref, je suis un animal qui se cache. Comme vous vous en doutez, l'hygiène était douteuse, pendant ces 10 jours (non non, je ne rentrerais pas dans les détails, et n'imaginez pas le pire). Alors quand vous vous rendez compte qu'il n'y a pas de toilettes publiques, vous vous résignez à trouver un petit coin de forêt, et vous demandez du PQ à Flavien. Flavien, qui vous sort des trucs du style :

"Du papier? T'es sûre que t'en as besoin?

- ...o...oui...

- Ah bah dis donc, c'est pas la petite commission..."

Et bah ça... c'est la reflexion type qui me met super mal à l'aise ! SUPER MAL A L'AISE! LE type de reflexion dont je me souviens trèèès longtemps parce que ça me traumatise ! Vous ne vous rendez pas compte >.<

Vous ne vous rendez pas compte non plus à quel point faire ses besoins est périlleux en montagne. Quand faut faire de l'escalade pour trouver un coin abrité et se retenir aux arbres qui poussent quasiment à l'horizontale en raison de l'inclinaison du sol, et tout ça pour un malheureux petit pipi.

Vous ne vous rendez pas compte d'à quel point c'est FRUSTRANT d'avoir une envie de pisser qui vous taraude depuis plusieurs minutes, et que Flavien va pisser quelques mètes plus loin. Ca, Hélène le pensait comme moi ! Nous, on doit chercher le coin propice, avec la couverture végétale suffisante, ne pas craindre les serpents, les orties et les ronces. De quoi vous faire regretter de pas avoir un arosoir, vous aussi.

Bon, pour en revenir à Biot, nous dormons étrangement bien. Ah, Hélène et Flavien ont le sommeil léger... ils ont été réveillés tous les matins par les camions poubelles, surtout ceux de cette nuit là, car les poubelles étaient 5m au dessus de nous. Moi... sommeil de plomb. Toujours. Conditionnée. Je ne me réveille que quand j'en ai besoin!

09/09/2008 On touche au but ! On ne fait que le toucher du doigt d'ailleurs....

Nous n'avons jamais été aussi prêts de Thonon ! Nous attaquons la route avec entrain, Flavien et Hélène. Nous n'achetons rien dans la superette-bar, en fin de compte.

On le regrettera.

Nous marchons et marchons le long de la route macadamisée, sous le soleil. photo-302125-M.jpg Nous suivons le cours d'eau de plus ou moins près... finalement nous marchons sur la nationale qui longe le lac du jotty, que vous pouvez voir à gauche (bien que nous n'ayons jamais pû profiter d'une telle vue... de la route on voit pas grand chose...)

Au fond, il y a le barrage, qui a été un passage assez critique. Il n'est pas conseillé de marcher sur une route à flanc de falaise, qui tourniquote en prime.

Plus loin, nous aurions pû visiter les gorges du diable, mais c'était payant (!), et nous voulions arriver à Thonon avec suffisament d'avance pour se faire plaisir en ville; Hélène n'avançant qu'avec la bouffe, on avait cherché toute la matinée une superette pour acheter du fromage. Nous avons ainsi réalisé que là bas, il est indispensable d'avoir une voiture. La superette la plus proche était à Biot (d'où nous étions partis le matin tôt). Impossible de trouver le moindre aliment avant Thonon. Nous avons donc mangé nos restes sur une petite pelouse derrière l'office du tourisme et les toilettes publiques. Je vais vous raconter une petite anecdote... juste pour la postérité.

Contexte : Je suis assise dans l'herbe verte à rougir en lisant l'Ethique aujourd'hui -qui énervait tant Flavien, et que je n'ai toujours pas fini-quand Hélène revient des toilettes où Flavien est encore. Elle ricane sous cape.

"Qu'est-ce qui t'arrives? lui demandai-je

- Ah ah... j'ai été dans les toilettes handicapés, donc il y avait une cuvette de toilettes. Dans tous les autres, c'étaient des chiottes à la turque.

-Ah...?"

Hélène se met carrément à rigoler.

"Je suis sûre que Flavien a eu des chiottes à la turque ! "

Pendant le temps qu'a mit Flavien à revenir, Hélène n'ARRETAIT pas de se marrer, comme si elle venait de réaliser (enfin!) que Coluche s'était réincarné en elle. C'est difficile à croire, mais elle était vraiment pliée en deux (j'avais du mal à trouver ça amusant moi). Quand Flavien revient, on lui demande donc comme c'était.

" - ?

- Bah, c'était bien?

- Euh...

- T'as eu des chiottes à la turque ?

- Non..."

Et non. La réincarnation, ça n'existe vraiment pas. Ou alors Coluche n'était pas drôle.

En repartant, notons tout de même notre rencontre avec des petites vieilles à qui Flavien a réussi à sortir :

"Vous ne faites vraiment pas votre âge."

75 ans. Pour un peu, elles en auraient rosi d'émotion.

Le temps qui était jusqu'à présent radieux se ternit de lourds nuages gris dans l'après midi. Nous arrivons à la Vernaz, où les premières gouttes d'eau s'écrasent tristement sur nos sacs à dos. Nous nous écroulons aussitôt à même le macadam au milieu de la route pour déguster nos barres de céréales à l'abricot, en discutant avec l'âne et le cheval du champs d'à côté, sous la bruine. Il est question d'aller jusqu'à Reyvroz (jackpot au scrabble ça), mais c'est méchamment discuté, parce que les 2/3 du groupe manquent de motivation, ce que l'âne comprend tout à fait. Finalement, nous nous rendons à l'évidence : il n'y a aucun lieu pour dormir à la Vernaz, il faut partir même si le goudron encore chaud est d'une mortelle attirance.

Nous empruntons donc un petit chemin de balade botanique à visée pédagogique, avec des petits panneaux pour reconnaître les plantes. C 'est ainsi que nous avons pû admirer des cyclamen en fleur le long du chemin. Enfin "nous"... moi, je les ai admirés, ces cyclamen, les autres je sais pas trop. Hélène était surtout préoccupée par l'inclinaison quasi-verticale de la pente et l'aspect boueux du sentier, tandis que Flavien s'appliquait à lui choisir des chemins qui n'en étaient pas. C'est une constante : Flavien aime bien suivre le chemin, mais il adore surtout le tracer.





La première fois, c'était au col du brévent, dans la caillasse qui faisait un peu paysage du jurassique, juste avant les échelles. Ca commençait à être méchamment vertical, le chemin. Flavien était devant et s'est mis à nous descendre un truc particulièrement flippant... Hélène et moi on s'est regardé en ricanant d'angoisse en voyant la chose à descendre. On s'est mit à chercher fébrilement des yeux un petit chemin parallèle qui serait envisageable... ah bah oui, on en a trouvé un. Il était même balisé de notre rando, ce chemin parallèle!

Mais revenons-en à notre chemin botanique. La descente a été longue et bien casse-gueule, c'est pour ça que j'en parle. On a vécu des descentes normales, rassurez-vous, mais on se souvient que des choses marquantes. Nous avons dégusté quelques mûres acides en glissant sur l'humus noir et riche de la forêt tout en apprenant que cette partie de la vallée est faite de marbre rose, qui a servi à faire je ne sais quelle fontaine à Thonon que nous nous promettons de trouver une fois arrivés. Au final... on a oublié de le faire. Finalement nous avons débouché sur une route de goudron bien plus rassurante mais un peu plus chiante, parce que pour le coup les panneaux étaient moins intéressants, et sans doute plus à visée pédagogique. Pu de cyclamen non plus.

Lorsque nous sommes arrivés en bas de la vallée, les 2/3 du groupe commençaient à ne plus vouloir même seulement envisager de remonter sur Reyvroz. Après marchandage, nous plantons la tente sur un bas côté de la route, nous cherchons de l'eau et jouons un peu aux cartes. Vient l'heure de la tambouille.

LE repas.

Il faut que vous réalisiez bien que Flavien me parle de ses talents de cuisinier depuis belle lurette.

"tu verras quand tu viendras à Paris, je te ferais un truc super bon à manger".

Ben... :-X

Si ça ressemble à ce qu'on a mangé ce soir là, on ira au resto *

La dernière fois que nous avons dû faire les courses, c'étaient Flavien et Hélène qui s'en étaient chargé. Flavien voulait apparemment faire de la semoule un soir, ce qu'Hélène déteste. Ils avaient donc acheté une boite de sauce tomate pour mélanger et donner un peu de goût (exactement ou presque le repas que Kmi, Jules et moi avions fait en angleterre, sur une colline de bruyère magnifique, dans le vent froid, assis au milieu des crottes de lapin...mais ceci est encore une autre histoire...)

Lorsque j'ai vu de plus près ce qu'était la semoule, j'ai commencé à douter des talents de Flavien. "Semoule" pour nous tous, c'est la semoule qu'on mange salée, avec du couscous par exemple... mais quand c'est marqué "semoule" sur un paquet, c'est la semoule à gateau. Sisi, souvenez vous : le dessert du self du lycée, à la texture si particulière... une sorte de bouillie où on sent quelques grains sur la langue. C'était fait avec du lait et du sucre...

Ben du coup, nous, c'était avec de l'eau, du sel et des tomates coupées (pas de la sauce tomate cuisinée ! des tomates coupées non assaisonnées). On a salé à bloc. Pour donner du gout. C'était le clou du spectacle : Hélène avait déprimé toute la journée parce qu'elle n'avait pas eu son fromage de pays quotidien (souvenez vous, on a pas trouvé de superette de toute la journée). Ben avec en prime un gateau de semoule aux tomates coupées... imaginez sa tête XD ! Heureusement, on a mangé des céréales au chocolat en dessert, pour redresser le niveau du repas !

Le dodo a été tranquille... comme toujours. Quand on est crevé, la nuit paraît toujours trop courte... le soir, c'était mon moment préféré : l'instant béni où on enlève ses chaussures qui meurtrissent le pied ...(et non, les ampoules ne me lâchaient pas. Nous sommes le 7 octobre, ça fait un mois ou presque que nous avons fait la rando, et bien j'ai encore le reste des ampoules qui ne cicatrisent pas...). C'est le moment où on se remplit le ventre d'un aliment chaud, c'était le seul avantage vite évanoui du gateau de semoule à la tomate... c'est le moment où on discute dans la tente... fin ça, ça dépend des soirées. Je me souviens de deux soirées dans la tente :

- la soirée où Flavien nous a chanté toutes les chansons de son répertoire (Hélène choisissait le chanteur, lui chantait les chansons les plus connues, moi je disais si je connaissais ou non). Et il chante rudement bien le bougre ... moi, j'ai pû constater que mon répertoire personnel était extrêmement maigre ... Les deux autres se retenaient de me foutre des claques quand je disais que je ne connaissais pas toutes les chansons de Balavoine ou de Ferrat... est-ce vraiment grave? C'était une soirée agréable, je me suis endormie avant la fin du CD je crois...

- la soirée où nous avons entamé un débat d'opinion politique. Love Hélène. Elle me ressemble beaucoup plus que ce que j'imaginais... nous avions exactement la même position! Nous ne sommes pas vraiment orientées à droite, mais de là à la fustiger dès qu'on en a l'occasion, non ! Que ce soit à droite ou à gauche, certaines idées sont bonnes à prendre, sans doute plus à gauche, mais à quoi sert donc de refuser en bloc toutes les initiatives de la droite, même si elles ne sont pas mauvaises? Je déteste cette propention de certains à s'enfermer dans un parti sans réussir à apprécier ce que font les autres. Depuis quand ce mode de pensée est-il source d'amélioration? Pourquoi ne pas rester objectif et savoir apprécier ce qui est bon là où il l'est vraiment? Flavien a dit "ah bah, c'est confortable comme position, c'est sûr" sur le ton du reproche. C'est confortable, oui et non... ce n'est pas confortable, car on s'entend dire après qu'on est des personnes manipulables et manipulées, qu'on est des girouettes qui nous tournons vers le vent le plus profitable. Il est sans doute plus confortable de s'endoctriner doucement dans un seul axe de pensée sans jamais chercher à se remettre en question. C'est en tout cas ce qu'on m'a toujours dit de fuir, l'endoctrinement. C'est le principe de la religion, du créationnisme, du rationnalisme, et de tout courant de pensée, de science, de politique qui refuse de s'améliorer au contact des autres. Ces constructions s'écroulent d'elles-même lorsqu'elles ne sont plus adaptées...Open your minds, my friends, it's -maybe- the best way !

* Meuh non, je plaisante Flavien, hein ! J'accepterais avec plaisir que tu essaies de me cuisiner quelque chose de bon ! Dans le pire des cas, c'est moi qui te le paierai ce resto ! =D

10/09/08 THONOOOOON

photo-311614-M.jpgBon, certes, on a passé la grosse majorité de la journée à marcher pour l'atteindre. Et la grosse majorité de la journée, c'était sous la pluie... La montée vers Reyvroz ("ce rêve rooooose") a été longue, au milieu de prés et de forêts... là, à ce stade, on a réalisé qu'on puait vraiment. Faut dire que 10 jours de marche, avec 3 pantalons et 5 T-Shirt, on pouvait pas espérer sentir la rose tous les jours.

D'ailleurs, en parlant d'odeurs, nous n'avons pas résisté à l'envie de passer voir les hommes et les femmes d'Urine. Un charmant petit village qui ne cesse de croître, rejoint par des gens qui ont sans doute le sens de l'humour. Nous avons fait quand même un crochet de 10 min ! Nous nous sommes pris en photos en train de faire semblant d'uriner sur le panneau d'Urine. Flavien était pas du tout d'accord... d'ailleurs sur la photo, on y croit moyen :-° il est juste debout à côté du panneau. Ma hantise était de voir qu'un habitant nous regardait faire...

Dans cette région, les villages se divisent en deux catégories : les bourgs aux noms avec plein de "x", "z" "y", (reyvroz, forclaz, la vernaz...) et ceux avec des noms tendancieux... Nous avons trouvé sur la carte IGN des villages comme "Seytroux" ou "Mouilles", "Sous-le-seix", "Sur-le-seix", "Urine" dans un périmètre de 20km... nous n'avons malheureusement pas pû tous les visiter, mais c'est pas l'envie qui manquait ! Quoi, "gamins"? Oui, nous sommes des gamins, et bien nous assumons !!!

"Mamma mia, here i go again...! My mind, how can i resist you !" oups. Désolée, j'avais envie de chanter ! J'y reviendrais !

Nous repassons juste avant de manger dans une petite forêt. Dans les forêts, c'est dur parfois de trouver le chemin balisé... rebelote avec Flavien. Embranchement de deux sentiers. Un horizontal, un qui descend. L'horizontal n'a pas de balisage, le vertical non plus... donc finalement on suit Flavien sur le sentier vertical. Ne me demandez pas pourquoi on écoute toujours Flavien.

Donc Hélène s'est mise à grogner à cause de la descente. Même Flavien et moi, sans patte folle, nous avions du mal à faire le chemin, qui n'existait pas en réalité, vous l'avez deviné. Lorsqu'enfin nous sommes arrivés sur un semblant de sentier plat... nous avons réalisé que nous étions en réalité arrivés dans une cuvette. Il fallait remonter une pente encore plus ardue, sur roooo ... allez... 3/4m de hauteur? C'était quasiment un mur de boue, que surmontait le chemin que nous étions censés avoir pris.

Flavien grimpe sans problème (ou presque). Moi... j'avais des problèmes =D Il me tend un bout de bois pourri... je rigole un peu de la maigre aide que cela pourrait m'apporter (j'étais en équilibre sur une racine, un arbrisseau dans chaque main), mais comme il insistait en me disant qu'il voulait vraiment m'aider et que le bois était solide, je me suis dit : "ah! Bah, je vais pas le contrarier, pour une fois qu'il est gentil..."

"A la une, à la deux..."

Crac, à la trois, le baton pourri nous reste dans les mains à tous les deux, je perds l'équilibre et fais un virevolté en arrière en rotation sur le côté droit,en parvenant à me rattraper à mon arbre d'origine tout en perdant ma racine de soutien, je dérape, je dérape, je finis à quatre pattes dans la boue, les jambes dans les ronces...à glisser...

Bien évidemment, Flavien : plié en deux de rire, Hélène : dans le même état.

Moi j'ai eu une poussée d'adrénaline à 100UI. Et j'ai décidé que c'était la dernière fois que j'acceptais de me servir d'un baton. Dernière fois que je faisais confiance à Flavien. Dernière fois que je le suivais dans ses plans pourris !

:-°

La faim au ventre, plus rien à manger dans le sac, nous arrivons à une petite bourgade de la "banlieue" de thonon où nous savions pouvoir trouver une supérette.

Pas de bol, il est 13h05, la supérette ferme à 13h. Pas de fromage. Hélène ne se plaint même plus. Elle déprime.

photo-322478-M.jpgMais Hélène a une chance de cocue : le vendeur sort et accepte par pure charité qu'on fasse rapidement nos courses. Hop... FROMAGE ! On le déguste à même le palier du magasin avant de repartir sur les routes.

J'arrive enfin à arroser Flavien lors d'un remplissage de gourdes à une des nombreux abreuvoirs traditionnels de là-bas. Oui, ils ont tous leur petit abreuvoir personnel...

L'eau glougloute d'un côté, et s'écoule de l'autre. Elle est sans cesse renouvellée, donc potable. Théoriquement. Nous n'avons jamais été malades, mais alors des fois... on se posait quand même la question.

L'après midi nous a semblé loooongue... nous sommes rapidement arrivés dans la forêt qui jouxte Thonon, mais elle est assez grande. En son centre : un parcours du combattant, que nous nous amusons à faire épuisés et avec (ou sans?) les sacs à dos. J'avoue tout de suite qu'aucun de nous trois n'a été capable de faire de traction avec son sac à dos. Mauviettes !

Là, il était 17h, je m'en souviens. Nous sommes arrivés sur un petit promontoir qui dominait la ville de Thonon, et on était contents d'etre arrivés; la journée du lendemain devait être du shopping et du farniente. Comme nous aimons ça tous les trois... l'ambiance était guillerette.

Bon le problème c'est qu'il a encore fallu marcher une heure avant de trouver l'office du tourisme. Que c'était long !!! Nous qui pensions être arrivés, nous en étions loin. Les dames à l'office du tourisme de Thonon était charmantes. Vraiment. Elles ont bien voulu être patientes et nous expliquer comment / où / quand nous pourrions aller au camping le moins cher/ le plus proche de Thonon avec quel bus qui part à telle heure et à tel prix. En prime... elles ont accepté de garder nos sacs le lendemain pour nous éviter de nous les trimballer... ok, ok, Thonon c'est pas Limoges, mais faire du shopping avec 15kg supplémentaires dans le dos... c'eut été dangereux.

Nous avons encore quelques minutes pour nous dire que nous n'avons pas envie ni de quoi nous faire à manger le soir. On commandera des pizzas dans le pti bouiboui à pizza dont nous gardons le numéro, qui est à côté de l'office du tourisme.

Nous choppons notre bus au vol, Flavien arnaque la société en ne compostant pas son ticket de bus. Il servira le lendemain. Hélène et moi lui faisons un sermon, mais il s'en fout pas mal :-° Grand bien lui fasse.

Le camping... ah, je rigole d'avance de la soirée que nous avons passé. Dans le style beauf, c'était pas mal non plus. J'arrive pas à savoir si c'était plus beauf que le camping de Montriond... c'était différent voilà tout. Là, pas de salle commune d'un autre siècle, mais caravanes aux jardinets proprets dont émergent quelques flamands roses en plastique de bon goût. L'auvent représente des planches de pin, la table de camping est en bois massif, l'arche du chemin gravilloné est couverte de rosiers. Oui. Nous parlons bien d'un emplacement de camping municipal... aménagé.

Nous, notre emplacement semblait bien fade, avec son herbe toute conne. Enfin "herbe". On avait plutôt de la terre avec quelques graines de gazon en train de germer ("ne marchez pas dessus!"). On a pû profiter d'1/3 de notre terrain... juste de quoi planter la tente et nous asseoir dehors. Ca suffit, remarquez.

Nous avons commandé les pizzas, livrées gratuitement avec une bouteille de coca en bonus. Notez de suite que le voisin du vendeur de pizza, à Thonon, nous avait méchamment déconseillé de manger de leurs préparations. Mais la flemme a vaincu les ragots.

Ca ne nous a pas empêché de ricaner jaune quand on les a goûtées, ces pizzas...

Moi : "C'est... bizarre..."

Hélène : "Quoi?"

Moi : "Ma sauce tomate a un goût de bière"

Flavien : "Tu dis ça parce que le voisin de la pizzeria nous a raconté des trucs..."

Moi : "Ouais... têt bien... " - reprend un bout de pizza - "N'empêche que ça a un goût de bière"

Flavien goute sa propre pizza (à la sauce tomate aussi)

Flavien : "Tin c'est vrai, elle a un goût de bière ! "

Hélène : " Je suis en train de m'imaginer comment ils ont fait pour que votre sauce tomate ait un gout de bière...Mais arrêtez, n'en mangez pas ! On a qu'à manger de la mienne tous les trois, elle est à la crême fraiche."

Moi : "Si ma sauce tomate a un goût de bière, j'ose même pas imaginer le goût de ta crême fraiche !"

Flavien : "Moi j'ai des oeufs en plus..."

Moi : "Risqué."

Hélène : "On a qu'à boire du coca, ça facilitera la digestion."

Moi : "Il est pas avarié le coca? Pour qu'ils nous le filent gratis, c'est louche..."

Flavien : "Du moment que la bouteille n'était pas ouverte... elle n'était pas ouverte hein?"

Hélène : "Je sais plus"

Moi : "Vous imaginez? On nous retrouve morts tous les trois dans la tente d'ici quelques jours, quand nos parents se seront inquiétés suffisament pour lancer des recherches. Ou pire : demain matin, puisqu'elle est la seule à ne pas avoir mangé de sauce tomate à la bière, il n'y a qu'Hélène qui se réveille vivante..." (elle était au milieu de Flavien et moi dans la tente)

Hélène : "On va laisser le PQ près de toi cette nuit, Marion, comme ça si il y a urgence chiasse pas besoin de chercher à la lampe torche..."

Moi : "Ou alors on garde chacun notre petit rouleau personnel avec nous !"

Hélène " En tout cas, j'ai vraiment pu faim..."

Flavien : "Attends, on les a payées ces pizzas, on va les finir ! "

Hélène : "C'est ça, pour être malade à crever pour le dernier jour de la rando? Moi je laisse tomber, je vais boire du coca. Pis on a en plus de la tartelette aux abricots à manger..."

Moi : "Tartelette aux abricots que vous avez eu en promo parce que date de péremption limite."

Flavien : "C'était moins cher ! "

Moi : "C'était presque périmé ! "

Flavien : "Bon je vais la finir ta pizza, Hélène"

Hélène : "Bah, laisse tomber la tienne, et mange la mienne si tu veux."

Flavien : "Mais non, je vais manger la mienne aussi".

...

 

Bon rassurez vous, Flavien n'a pas non plus fini sa pizza.

Après ce repas copieux, nous avons décidé d'aller voir le lac Léman. Merde, on avait pas fait toute cette route pour passer à côté ! Bon, certes, ce serait dans le noir à la lueur de la lampe torche, mais on l'aura vu !

Nous nous sommes assis sur le chemin de promenade sous les étoiles à discuter de notre rando et à regarder les lueurs des villes de Nyon et Rolle (ou était-ce Lausanne?) de notre proche voisine la Suisse. Nous avions atteint notre but, envers et contre tout, la rando était finie ! Nous baigniions dans une douce torpeur de contentement (ce qui n'empêchait pas Flavien de tressaillir quand on entendait le bruit d'un animal se désalterant dans le noir).

Finalement, peu sûrs de se réveiller en bonne santé le lendemain (voire même vivants), nous sommes allés rejoindre nos pénates pour notre ultime nuit en tente.

Excellente nuit ; Flavien et Hélène avaient trouvé amusant de chercher à rentabiliser le port du "Moustifluid" et du déo de Flavien en en barbouillant sur mon duvet, précisément à l'endroit où je posais ma tête. Ils ont beaucoup rigolé à mes dépends, puisqu'il était impossible de s'endormir avec cette odeur écoeurante et très très -très- forte. Eux-même ont avoué avoir failli mourir asphyxiés dans la tente lorsqu'ils ont préparé leur petite blague...

J'ai dormi la tête en dehors de la tente. Ils voulaient vraiment ma mort ou quoi?

11/09/2008 SHOPPING, MAMMA MIA, FONDUE

photo-326843-M.jpg Ah, paradis de civilisation ! Nous nous étions préparé une journée chère mais pleine de rebondissements

... Bon, tout d'abord nous avons quitté le camping et sommes repartis vers Thonon.

Flavien a cherché à réutiliser son ticket de bus de la veille, mais s'est fait chopper. Ah ah, j'en rigole encore!

Le matin, nous avons fait le marché en remplissant nos sacs de produits de là bas à ramener pour nos chères familles qui ne verraient la Savoie que dans leurs assiettes : saucissons et fromages (reblochon!). Pour ma part, j'ai trouvé que la myrtille avait été le plus représentative de notre rando en Savoie (il y en avait partout en montagne !)... donc j'ai pris un saucisson aux myrtilles qui s'avérera un peu fadasse...

Le midi, dernier pic nic au fromage (Beaufort !) sous la pluie et sous une sorte d'abri en plastique aux côtés de lycéens en mal d'occupation. Ah ça, ça nous a rappelé brièvement que les vacances étaient bel et bien finies, et depuis quelques temps pour ces chères petites têtes blondes...

Nous avons ensuite passé l'après midi à errer dans les rues de Thonon, à faire les magasins de souvenirs sans aucun complexe. Flavien a racheté des cartes postales pendant qu'Hélène achetait son propre topoguide de la rando que nous venions de faire, à titre de souvenir. C'est vrai que pour s'en rappeler, c'était le mieux... ces bouquins sont vraiment bien faits. Moi j'ai acheté un parapluie, comme souvenir.photo-326863-M.jpg

Le soir, nous avons été manger une fondue, LA fondue savoyarde qu'Hélène réclamait depuis Morzine... et bien figurez vous qu'elle ne l'a pas aimée ! Trop de vin blanc paraît-il... pas assez le goût de fromage. Moi j'adore ça, la fondue, alors comprenez bien que j'étais particulièrement heureuse qu'elle pioche allègrement dans l'assiette de Flavien qui avait pris du Berthoud.

Le Berthoud, c'est une spécialité à mi-chemin entre la raclette et la fondue, sans vin blanc mais avec de la Madère! Et le fromage, c'est du fromage d'Abondance, une petite ville pas très loin. Le fromage est servi dans un petit ramequin, après avoir été passé au four, et on trempe la charcuterie et les pommes de terre dedans.

Excusez l'image, elle ne met pas en valeur le plat qui est pourtant très appétissant!

En dessert, gateau au chocolat avec une boule de glace au Génépi (vous ne connaissez pas? Nous non plus... on pense que c'est une plante de montagne).

Et ensuite... on a été voir Mamma Mia. Juste avant que le film ne commence, j'expliquais à Hélène que je n'étais pas sûre que ce soit une comédie musicale... hop, nous voilà dans le noir et le film commence... sur une chanson. Nous explosons de rire. Si ce n'est pas une comédie musicale, ça y ressemble beaucoup ! Pendant tout le film, nous n'avons cessé de rire toutes les deux, parfois accompagnées de Flavien (sisi ! on t'a entendu !).

J'ai peu d'attirance pour les comédies musicales en temps normal -sauf pour Grease- mais là, je n'avais jamais autant rigolé au cinéma. Comédie à prendre au second degré, je pense... depuis j'écoute la BO qui est faite de chansons reprises d'Abba , et ce très souvent. Ca restera le meilleur moyen pour moi de me rappeler les moments cultes de la rando.

Et figurez vous que depuis, Max écoute aussi les chansons d'Abba ! (pas les reprises, il a du mérite quand même). C'est que j'ai bon goût non?

Quant à Flavien, il avait beau dire en sortant qu'il n'avait pas beaucoup aimé, il s'est quand même bien marré ! Na !

Ensuite, nous avions prévu d'aller dans un bar de nuit, contre ma volonté. Mais l'avantage (ou l'inconvénient ?) d'être à 3, c'est qu'il n'y a jamais égalité démocratique... donc nous avons été dans ce bar de nuit à 2 contre 1. Le prix des consommations était doublé, et il n'y avait personne. Pour parfaire le tableau, l'orage s'est mis en place rapidement, donc on a dû décamper sous des torrents de flotte. Je l'avais bien dit qu'il aurait mieux valu ne pas y aller !

Ensuite... nous nous sommes réfugiés sur les quais de la gare de Thonon, comme trois petits sdf. Flavien n'a pas eu honte, et s'est carrément allongé par terre... avec Hélène, nous nous sommes contentées de discuter jusqu'à l'arrivée du train, à 5h du matin.

Dès lors, nous n'avons cessé de changer de train, en passant par Paris pour finalement arriver à Redon le lendemain, sur le plancher des vaches prim'holstein.


Finies les vacances. Nous étions vendredi, nous reprenions tous les trois le lundi 15 Septembre 2008 dans nos écoles et facultés respectives aux trois coins de la France : Hélène à Vannes, Flavien à Paris, moi à Rennes.

Certains d'entre vous se demandent quel est l'intérêt de faire une telle rando, avec toutes les galères et inconvénients que nous avons enduré... en effet, pourquoi ne puis-je vous relater au jour le jour les points positifs comme je le fais des points négatifs? Je n'ai pas vraiment tenté de vous motiver à faire de la rando, ni de vous en dégoûter par avance. Je vous ai juste raconté ce dont je me souvenais, car ce texte a valeur de réserve à souvenirs, même si on ne peut jamais être exhaustif ou même objectif.

Même si j'ai du mal à vous dire pourquoi ces 10 jours de randonnée ont sans doute été mes meilleures vacances, je peux au moins vous expliquer que ce n'est que dans ce genre de plans qu'on peut véritablement connaître ses amis; et c'est peut-être le point positif majeur de cette randonnée. On peut connaître des gens en discutant avec eux sur msn, ou même en les fréquentant plusieurs années fréquemment ou occasionellement. On peut savoir d'eux qu'ils aiment les peluches avec des petits grains dedans ou leurs fantasmes les plus fous (!) mais ce n'est que dans les situations de fatigue quotidienne, de difficultés, d'énervement, et tout simplement en étant avec eux 24h/24 7j/7 qu'on réalise leurs qualités et leurs défauts véritables, les caractères qu'on ne peut cacher ou mimer tout le temps. J'ai été heureuse de découvrir que mes amis étaient dignes de leur statut, que j'avais de la chance de les connaître. Plus nombrilistement, je suis heureuse de me savoir supportable même dans les situations les plus difficiles. Si ça se trouve, je serais capable de ne pas casser la gueule à Bush si je me trouvais devant lui...?

A titre plus personnel, le fait d'avoir douté quotidiennement de mes capacités, et d'avoir découvert que j'étais capable de bien plus que ce que j'imaginais m'a sans doute permis de vivre cette randonnée avec satisfaction. Non, je n'étais pas la "meilleure" et je n'aurais sans doute pas tenu toute la randonnée que nous avions prévu au début; mais je sais ce dont je suis capable. Ce n'est peut-être pas un critère de bonheur pour tous, mais pour moi c'en est un.

 

Cet article a été exceptionnellement long. Il tient plus du roman que de l'article de blog, je m'en excuse... surtout que c'est drôle à lire quand on a vécu les faits, pas trop quand on est lecteur anonyme. Pour remédier à ce problème vous n'avez qu'à vous joindre à nous pour une rando l'année prochaine dans le pays Basque !

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